Après quelque deux mois d’état d’urgence sanitaire, le Maroc s'apprête à initier un déconfinement progressif afin de permettre à l’économie de reprendre après un long arrêt forcé.
Or, selon le quotidien Assabah du lundi 18 mai, le déconfinement sera d’autant plus inquiétant que ce sont justement les unités productives, pour nombre d’entre elles, qui ne respectent pas toujours les règles minimales de sécurité imposées par les autorités du pays.
Ainsi, certaines entreprises ou usines n’imposent à leurs employés ni le port obligatoire du masque sur le lieu du travail, ni la distanciation sociale, pas plus qu’elles ne mettent à leur disposition les produits désinfectants ou aseptisants. De même, ces unités de production n’ont pas adapté leurs outils de travail aux nouvelles conditions imposées par la pandémie de coronavirus, comme la réduction du nombre d’employés travaillant en même temps.
C’est la violation des toutes ces règles qui serait, selon Assabah, la cause de la démultiplication des cas de contamination dans les usines locales, contaminations qui sont passées de 300 à plus de 1.000 en moins d’un mois. Pour la seule ville de Casablanca, 750 personnes ont été contaminées au Covid-19 dans ces unités qui n’ont pas connu d’arrêt d’activité, contrairement à nombre d’autres usines fermées. Cela est particulièrement le cas d’une usine de production de chaussures à Sidi Bernoussi qui a enregistré, à elle seule, plus de 450 cas de contamination au Covid-19.
Plusieurs voix se sont élevées pour mettre en garde contre ces foyers industriels de contamination qui peuvent annihiler tous les efforts actuellement mis en œuvre pour stopper la propagation de la pandémie. Selon le Réseau marocain de défense du droit à la santé et à la vie, l’augmentation des cas de contamination durant ces derniers jours a pour origine principale ces unités de production qui emploient un grand nombre de personnes, généralement originaires de quartiers populaires et populeux, situation propice à la propagation rapide et à grande échelle de la pandémie.
Pour ce réseau, les ministères de la Santé et de l’Emploi doivent sévir pour imposer le respect des règles de protection sanitaire, ou sanctionner les contrevenants à travers la fermeture de leurs unités de production, en attendant de juguler la pandémie.