Manifestement, pour le maire de Casablanca, la santé des habitants de la métropole n’est pas une priorité. «Nous n’allons pas dépenser un seul dirham pour financer le secteur de la Santé à Casablanca», aurait notamment déclaré le président islamiste du Conseil de la ville du haut de l'estrade où il présidait, mardi, la session ordinaire du Conseil, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 8 octobre. C’est aux services centraux et au département de la Santé d’assumer la responsabilité du financement des besoins du secteur dans la ville pour les mois à venir, a-t-il ajouté.
Abdelaziz El Omari a fait part de sa position sur la question lors de la présentation d'un projet d'avenant à la convention qui lie le Conseil de la ville, ainsi que le Conseil de la Région, au ministère de la Santé. Un projet qui porte sur l'hôpital de campagne installé dans les locaux de l’OFEC. Le maire PJD de la capitale économique a évoqué d'autres charges plus importantes pour lui et plus contraignantes que doit assumer la ville qui ne dispose plus d'assez de fonds pour contribuer aux besoins pressants de la ville en matière de soins de santé, et ce au moment où elle connaît une recrudescence du nombre de contaminations au Coronavirus.
Le président du Conseil de la ville, poursuit Assabah, a rappelé que l'institution qu'il dirige avait déjà contribué pour 15 millions de dirhams à ce projet dont le budget global est de 45 millions de dirhams. Le Conseil de la ville, ajoute-t-il, a également consenti une rallonge de 3 millions de dirhams pour ce même projet. Le Conseil, conclut-il, n'est plus en mesure de soutenir les actions de lutte contre le coronavirus ni l'effort collectif déployé par de nombreuses institutions dans ce sens.
D'après Assabah, cette décision de couper les vivres au ministère de la Santé serait en réalité motivée par des considérations personnelles. Le maire de la ville aurait piqué une colère contre le ministre qui s'est rendu en visite de travail, récemment, dans la métropole. Visite pendant laquelle il s'est réuni avec le wali, certains gouverneurs des arrondissements et des responsables locaux de son département, mais pas avec le maire.
La question a même été évoquée publiquement, pendant cette session, par un membre PJD du Conseil de la ville qui parle de «marginalisation des élus». Les responsables centraux et gouvernementaux ne se souviennent de l'existence de ces derniers, s'insurge-t-il, que lorsqu'il est question de mettre la main à la poche. Le conseiller PJD a d'ailleurs reproché au ministre Khalid Aït Taleb d'avoir rencontré tous les responsables de la ville lors de cette visite, sauf les élus.
Bien sûr, la décision du maire de Casablanca, Abdelaziz El Omari, est loin d'avoir reçu l'approbation des membres du Conseil. Le groupe du RNI, parti membre de la coalition qui dirige la capitale économique, s’y est en effet opposé fermement. Au moment où toutes les composantes de la nation font face, ensemble et avec tous leurs moyens, à l'épidémie, le Conseil de la ville est dans l'obligation de participer financièrement à cet effort, a notamment souligné un membre du groupe du RNI. Le Conseil de la ville, estime-t-il, doit revoir sa comptabilité de manière à dégager des fonds pour soutenir l'opération de lutte contre l'épidémie.