On en sait un peu plus sur le scandale qui secoue le Tribunal d’Ain Sebaa, frappé par une affaire de corruption incriminant un substitut du procureur soupçonné d’être à la tête d’une bande criminelle spécialisée dans la falsification de documents officiels. Le procureur du roi près la Cour d’appel de Casablanca a décidé de le poursuivre et a soumis l’affaire au juge d’instruction de la première Chambre criminelle.
L’information est reprise par plusieurs quotidiens paraissant ce mercredi 3 août, dont Assabah et Al Akhbar. Ce dernier rappelle d’abord que, parmi les accusations portés contre le substitut, figurent non seulement la falsification et la corruption, mais aussi l’adultère, le mis en cause étant suspecté d'avoir eu une relation extra-conjugale avec une employée du tribunal où il exerce. Cette femme, ajoute le journal, aurait même avoué lorsqu’elle a été entendue par la brigade de la police judiciaire enquêtant sur cette affaire. En effet, elle a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec l’accusé dans son propre bureau, au sein du tribunal.
Selon les sources d’Al Akhbar, le substitut est également soupçonné de diriger une bande criminelle spécialisée dans l’intermédiation dans des affaires judiciaires, en contrepartie de pots-de-vin. A ce propos, un deuxième substitut, un Pacha, un gendarme et plusieurs des intermédiaires ont également été déférés devant le juge d’instruction. l’enquête se poursuit afin de déterminer si d’autres magistrats ou fonctionnaires de la justice sont impliquées dans cette sombre affaire.
De son côté, Assabah indique que le deuxième substitut vient à peine d’être entendu par le procureur général près la Cour d’Appel de Casablanca. En effet, la semaine dernière, des poursuites contre 29 personnes impliquées dans cette affaire avaient été enclenchées. De plus, le mis en cause se trouvait à l’étranger et il a donc fallu attendre son retour.
En attendant de connaître son degré d’implication dans l’affaire, le même journal rapporte que la traque de l'un des intermédiaires précédemment identifiés, qui avait été mis sur écoute, a permis de révéler qu’un substitut du procureur était bel et bien intervenu dans une affaire en justice en faveur de son complice. D’autres écoutes ont, pour leur part, révélé qu’une intervention aurait bien eu lieu en faveur d’une femme avec qui l’intermédiaire aurait eu une relation. Celle-ci a été condamnée en première instance. Dans un enregistrement effectué par les enquêteurs, l’intermédiaire entendu informant l’avocat de la prévenue du report de son procès en appel suite, semble-t-il, à une intervention de la bande criminelle en question. L’avocat est d’ailleurs également poursuivi, l’enquête ayant conclu qu'il avait pleinement connaissance de ce qui se tramait en coulisse, dans le cadre de son affaire.
Comme le rappellent les deux publications, cette nouvelle affaire de corruption fait écho à une autre affaire similaire qui avait défrayé la chronique en 2020. Cette dernière avait révélé l’existence d’un vaste réseau d’intermédiation et de corruption. Après plusieurs mois d’écoutes téléphoniques, les premières têtes semblent très proches de la chute.