Coronavirus: comment et pourquoi la mise en terre est interdite aux familles des défunts au Maroc

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Pour les musulmans, comme pour les juifs, les autorités ont strictement interdit que les funérailles soient ouvertes aux familles des personnes décédées du coronavirus. Celles-ci ont désormais lieu dans la discrétion la plus absolue, à huis clos. Voici pourquoi.

Le 27/03/2020 à 13h33

Le décor est triste, mais aussi inédit, l’épidémie du coronavirus est passée par là, avec ses malades, et des décès (aujourd’hui au nombre de 10). Mercredi 25 mars, au cimetière Bouayad du quartier Zaytoun à Meknès, la mise en terre de K.B. a lieu, le défunt vient de rendre l’âme à l’hôpital Sidi Saïd de cette ville.

Alors qu’en pareille circonstance, il y a toujours foule, entre membres de la famille, amis, proches et simples curieux, ce jour-là, très peu de personnes étaient présentes. Essentiellement des agents de la Sûreté nationale, ainsi que d’autres agents d’autorité qui ne font pas partie de la famille du défunt. Seuls quatre membres de celle-ci se trouvaient là.

La même scène s’est répétée hier, jeudi, au cimetière juif de Casablanca quand un Marocain de cette confession y a été enterré. Au lieu de se trouver à ses côtés pour la mise en terre du corps du défunt, sa famille a dû suivre ses funérailles…en visio-conférence.

La raison de cette absence des proches de ces Marocains est bien simple: les deux défunts sont décédés suite à des complications liées au Covid-19, dont ils étaient atteints. «Et même s’il s’était agi d’un décès en relation avec une autre raison, le même dispositif aurait été observé», nous explique cette source bien informée.

Dans l’un et l’autre cas, la raison qui motive cette décision des autorités n’est autre que d’éviter les rassemblements de foules, qui pourraient favoriser la propagation du coronavirus.

Et de fait, le modus operandi est le suivant dans le cas spécifique d’un décès lié au Covid-19 au Maroc. Une fois que ce décès a été signalé, la dépouille est transférée à la chambre mortuaire de l’hôpital où le défunt a rendu l’âme. Le corps est ensuite lavé, suivant les rituels spécifiques de chacune de ces deux religion, selon la confession à laquelle appartenait le défunt, et suivant également le respect des règles sanitaires les plus strictes.

La dépouille est placée séance tenante dans un cercueil, puis emmenée en ambulance dans à son lieu d’enterrement, dans la ville natale du défunt, si celle-ci n’est pas éloignée de son lieu de décès. Le convoi, qui s’achemine vers le cimetière, est toujours placé sous l’escorte rapprochée d’agents de la Sûreté nationale ou de la Gendarmerie royale.

La famille ne peut donc, à aucun moment, recevoir le corps du défunt, procéder à la toilette mortuaire ou se recueillir auprès de sa dépouille avant sa mise en terre, puisque le cercueil contenant ce corps est directement transféré au cimetière, après l’observation à l’hôpital des rituels religieux, puis l’application des consignes sanitaires.

Au cimetière, seules les forces de l’ordre sont déployées, et seuls quatre membres au maximum de la famille du défunt sont admis lors de la mise en terre, qui se déroule sous les prières d’un seul imam ou d’un rabbin.

«Le rituel religieux au sens strict est totalement respecté. Seule la présence en grand nombre des proches est interdite», nous précise notre source.

Au domicile de la famille du regretté défunt, pour l’heure, pas plus de quarante personnes ne sont acceptées dans ce lieu où se déroulent les funérailles, sur plusieurs jours, selon les rites. Les autorités locales sont physiquement présentes, afin d’éviter tout débordement.

«Là encore, cette règle est valable que le défunt soit décédé d’un Covid-19 ou pour une autre raison», nous explique-t-on.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Tarik Qattab
Le 27/03/2020 à 13h33