La juge d’instruction en charge des crimes financiers à la cour d’appel de Rabat a entamé une enquête sur les circonstances de «l’évaporation» de plus de 4 millions de dirhams dans la commune de Kénitra. La disparition de cette grosse somme s’est produite sous le mandat de l’ex-président du conseil communal et ancien ministre Aziz Rabbah, après une opération immobilière. Il s’agissait de l’échange d’un terrain appartenant à la commune contre un terrain appartenant à un promoteur immobilier, rapporte Al Akhbar du vendredi 23 novembre. Le substitut du procureur du Roi chargé des crimes financiers avait déféré ce dossier devant la juge d’instruction après l’enquête réalisée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).
Lundi dernier, la magistrate a auditionné Ahmed Sayed, militant des droits de l’homme, qui avait déposé une plainte à ce sujet auprès du parquet. Le même jour, la juge d’instruction a entendu les deux adjoints de l’ancien président du conseil, Aziz Rabah, tandis que le président actuel, Anas Bouanani, ne s’est pas présenté à cette audition bien qu’il ait reçu une convocation. Ce scandale remonte à la mandature du précèdent conseil de la ville, alors dirigé par le PJD, suite à une négligence coupable dans la récupération d’une grosse somme d’argent concernant la vente d’un lot de terrain appartenant à la commune. Ce terrain d’une superficie de 1280 m2 se trouve sur un emplacement stratégique du centre-ville.
Selon le quotidien Al Akhbar, ce scandale a refait surface après l’arrestation du notaire qui a supervisé l’opération immobilière. Le conseil de la ville avait approuvé l’échange d’un lot de terrain du centre-ville contre un terrain d’un hectare situé à l’entrée de la ville et dont le prix avait été fixé à 1400 dirhams le mètre carré. Ce montant avait suscité un tollé général, la valeur du bien ne dépassant pas 700 dh/m2. Ce terrain se trouvait en outre dans une zone que les promoteurs évitaient en raison des câbles électriques de haute tension qui la traversent. Les sources proches de l’enquête indiquent que le notaire emprisonné pour abus de confiance avait remis un chèque de 4.080.000 dirhams relatifs à l’échange immobilier précité. Un chèque qui s’est avéré être sans provision.