Comment ne pas aimer le ballon rond d’un amour éternel?

Karim Boukhari. (Le360)

ChroniqueSi on met un 4-0 aux Américains, c’est qu’on n’est pas seulement forts dans le foot, mais un peu ailleurs aussi… Allez savoir où!

Le 03/08/2024 à 09h00

Vous avez vu le match Maroc-États-Unis? Vous avez vu ce que j’ai vu et ressenti ce que j’ai ressenti? Je veux dire, ce frisson, cette vibration, ce tremblement jouissif qui vous prend de la tête aux pieds en se nichant, au passage, dans le cœur? Et qui vous rend littéralement fou de bonheur?

C’est la magie du foot et de la victoire. C’est la magie de ce public, majoritairement marocain ou acquis à la cause marocaine, qui a garni les travées du Parc des princes, à Paris, et qui nous a fait croire que ce quart de finale des JO se jouait dans l’ancienne médina de Casablanca, Rabat ou dans un lointain douar marocain.

Avant même le coup d’envoi du match, et déjà au moment des hymnes nationaux, on sentait quelque chose de spécial. Le Maroc jouait à domicile. Comme au Qatar, lors du Mondial 2022. Il y avait de la magie dans l’air. Il y avait cette certitude que rien de contrariant ne pouvait nous arriver, que la victoire attendait nos Lionceaux, qu’ils étaient chez eux, comme à la maison, en famille, là où même les événements les plus fâcheux sont réglés, «lavés» plus blanc comme du linge sale.

Un ami poète m’a écrit, dès les premières minutes du match: «Comment ne pas aimer le ballon rond d’un amour éternel?». J’ai acquiescé comme il se doit. Quand il est comme ça, le foot est imbattable. Il vous emmène très haut, très loin. Et il vous offre cette communion que les plaisirs solitaires ne vous offriront jamais.

Plus que tout, c’est ce public qu’il faut saluer. Un par un. Les 40.000 personnes. On les entendait d’ici, du fin fond du Maroc. On entendait leur passion pour le foot et pour le bled, pour ces Lionceaux qui représentent un espoir pour demain et une revanche pour hier. C’est comme cela que le football est grand, par sa dimension sociale, sa charge émotionnelle, ce qu’il peut apporter à tout un chacun.

On dit du foot que c’est un opium, c’est-à-dire une drogue. On oublie de dire que c’est une thérapie aussi. Contrairement à l’opium, il ne vous plonge pas dans un paradis artificiel, mais vous offre un bonheur immédiat, concret, réel. Il remet les pendules à l’heure. Il vous «égalise».

Au moment du quatrième but marocain, quelqu’un s’est écrié: «Waouh, il faut croire qu’on est quatre fois plus forts les Américains». Un autre l’a corrigé: «Et plus encore. On sera quatre fois plus forts si le score était de 4-1. Mais à 4-0…». Une troisième voix a lancé: «Alors on est infiniment plus forts que les Américains… Mais dans le foot, seulement!».

Arrêtez, arrêtez, corrigeait une nouvelle voix, «si on met 4-0 aux Américains, c’est qu’on n’est pas seulement forts dans le foot, mais un peu ailleurs aussi… Allez savoir où!».

Que voulez-vous, le Maroc du foot n’avait jamais atteint les demi-finales des JO. Résultat: on ne sait pas trop ce qui nous arrive. On profite du moment présent et on se projette déjà vers cette demi-finale qui opposera le Maroc à l’Espagne (remake du huitième de finale du Mondial du Qatar). C’est lundi et ça se passera dans l’enceinte magique du Vélodrome, à Marseille.

Quelque chose me dit que les Marocains seront encore une fois comme chez eux, au bled, soutenus par tout un peuple. Hâte!

Par Karim Boukhari
Le 03/08/2024 à 09h00