Cités universitaires: le Maroc vise 100.000 lits à l’horizon 2030

Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a annoncé lundi devant la Chambre des représentants un plan pour renforcer le réseau universitaire national, avec notamment la création de nouvelles universités et l’augmentation de la capacité des cités universitaires à 100.000 lits d’ici 2030.

Le 01/12/2025 à 18h24

Création de nouvelles universités, élargissement du réseau universitaire, inclusion des étudiants des zones montagneuses, augmentation de la capacité des cités universitaires et revalorisation des bourses… Tels ont été les principaux sujets débattus lors de la séance des questions orales de ce lundi 1er décembre à la Chambre des représentants.

Face aux demandes pressantes des députés pour la création d’universités à Tanger, Midelt, Khénifra ou encore Figuig, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a rappelé que l’implantation de nouveaux établissements publics est encadrée par la loi. Elle repose sur une carte universitaire nationale, finalisée mais toujours en attente d’adoption dans le cadre de la nouvelle loi-cadre.

Reconnaissant les défis persistants — manque d’infrastructures, déficit de logements, inégalités territoriales et ressources humaines limitées — le ministre a appelé à la patience et à la mise en œuvre d’une vision globale. Il s’est appuyé sur la loi-cadre, la carte universitaire et les orientations royales pour défendre la construction d’un réseau universitaire équilibré, inclusif et mieux réparti sur le territoire.

Les investissements actuels, estimés à 1,7 milliard de dirhams, restent toutefois insuffisants pour répondre à la croissance démographique et aux besoins croissants des étudiants.

À Tétouan par exemple, la faculté des sciences économiques, livrée en 2022, attend toujours son décret de fonctionnement. À Figuig, les étudiants parcourent plus de 400 km pour rejoindre l’université d’Oujda. À Khénifra et Youssoufia, l’absence d’écoles supérieures entraîne des abandons, notamment parmi les jeunes filles.

Depuis 2018, 33 noyaux universitaires ont été programmés, mais seuls six ont effectivement vu le jour, notamment à Al Hoceima, Laâyoune et Dakhla. «On ne peut pas réaliser en un an ce qui n’a pas été fait en sept ans», a insisté El Midaoui.

La question du logement étudiant a occupé une place centrale dans le débat. La capacité actuelle des cités universitaires est jugée très insuffisante. Le ministère vise 60.000 lits à court terme et 100.000 lits à l’horizon 2030, avec des extensions prévues à Rabat, Agadir, Safi, Tétouan et dans d’autres villes.

Le ministre a également mis en avant la nécessité de réduire les inégalités entre grandes villes et zones montagneuses. La réforme, a-t-il souligné, doit garantir une justice territoriale tout en maintenant la mixité sociale: «On ne peut pas enfermer les étudiants dans leurs localités. La mobilité est nécessaire pour l’efficacité et l’ouverture.»

Les députés ont aussi pointé le déficit criant en personnel administratif et pédagogique: un million d’étudiants pour seulement 12.000 fonctionnaires, soit un ratio de 1 pour 1.000. Plusieurs nouveaux établissements fonctionnent ainsi avec des équipes très réduites. Pour y remédier, le ministère prévoit de renforcer la numérisation, d’adopter un nouveau règlement intérieur et de recruter davantage de permanents pour remplacer les départs à la retraite.

Concernant les bourses universitaires, Azzedine El Midaoui a indiqué que l’attribution se fait désormais via le Registre social unifié, en coordination avec le ministère des Finances. En 2024, 95% des demandes ont été satisfaites, grâce également au soutien de mécènes.

L’intervention du ministre a finalement mis en lumière les défis structurels de l’enseignement supérieur au Maroc: manque d’infrastructures, déficit de logements, inégalités territoriales et ressources humaines limitées.

Tout en reconnaissant l’urgence de la situation, il a plaidé pour une réforme progressive, basée sur une vision globale, une justice sociale et territoriale, et une meilleure articulation entre universités, entreprises et besoins régionaux.

Par Qods Chabâa
Le 01/12/2025 à 18h24