Dimanche 26 mars, Imzouren, province d’Al Hoceïma. Pas moins de quatre-vingts élèves, issus de différents établissements scolaires, se donnent rendez-vous en cette journée dominicale pour protester contre «l’absence d’enseignants, la détérioration de l’état de certaines écoles et le manque de transport scolaire». A 13h20, les élèves protestataires sont au grand complet avec comme point de rassemblement, l’école «Al Qods». C’est de là qu’est partie leur marche en direction du centre-ville d’Imzouren.
Une marche qui aurait pu se dérouler comme tant d’autres à travers le pays, si ses organisateurs, pour ne pas parler des instigateurs qui les téléguidaient, avaient pris la peine d’aviser les autorités locales et de demander une autorisation en bonne et due forme. Ce recours leur aurait certainement permis d’être en conformité avec la loi et du coup d’assurer un bon déroulement de leur manifestation pour faire entendre leurs revendications. Mais les manifestants ont préféré n’en faire qu’à leur tête.
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15h14, les forces de l’ordre interviennent pour disperser les manifestants. Rien n’y fait. Les manifestants se dirigent vers le quartier «Bousslama», ignorant les appels au calme des forces de l’ordre. A 16h30, ils entreprennent de jeter des pierres contre un bus destiné aux éléments des Forces auxiliaires (FA). Ils causent des dégâts matériels mais surtout ils blessent 16 éléments des forces publiques, ainsi que le chauffeur du bus, qui ont été évacués à l’hôpital Mohammed V, dans la ville d’Al Hoceima.
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Les dégâts matériels et les blessures causées à des éléments des forces publiques ont galvanisé l’ardeur de bon nombre de manifestants qui se sont transformés en casseurs. A 19 heures tapantes, ils entreprennent d’incendier un camion-citerne de la Protection civile et quatre véhicules de transport de type Toyota appartenant à la Sûreté nationale, ainsi qu’un bus garé devant un immeuble où des éléments des Forces auxiliaires avaient pris leurs quartiers.
Et ce n'est pas tout! Ils ont interdit à des éléments de la Protection civile d’éteindre l’incendie provoqué, en les empêchant d’y accéder après avoir disposé sur leur chemin pierres, et pneus… Devant l’exacerbation du feu ravageur, des éléments des forces publiques ont procédé à l’évacuation de l’immeuble qui abritait les Forces auxiliaires.
Pour maîtriser la situation, pas moins de 100 éléments supplémentaires des forces de l’ordre ont été appelés en renfort. Ils sont venus prêter main-forte à leurs collègues retranchés dans ledit immeuble. Une opération qui ne s’est pas déroulée sans incident puisque 72 éléments des Forces auxiliaires ont été blessés, 26 agents de la police ont été évacués à l’hôpital Mohammed V, alors que 38 policiers et 12 éléments des FA ont été évacués à la caserne des FA à Imzouren.
Rien de tout cela n’a encore dissuadé les manifestants, déterminés à en découdre ce soir-là. A 22 heures, ils ont sillonné le quartier "Bousslama" en direction du centre d’Imzouren, où ils ont pris à partie le district de la Sûreté nationale avant de se disperser dans les ruelles de cette localité, en poursuivant leurs actes de vandalisme. 12 d’entre eux, dont un mineur, ont été arrêtés. Ce n’est que vers 1 heure du matin, le lundi 27 mars, que les choses sont rentrées dans l’ordre.
Voilà ce qui s’est réellement passé pendant ce dimanche 26 mars. Une manifestation destinée à faire valoir des revendications, mais qui dérape en actes de vandalisme, condamnables. Les manifestants ont été instrumentalisés pour se transformer en émeutiers. Le Parquet devrait rapidement ouvrir une enquête et sanctionner sévèrement les instigateurs de ces actes.