Il était à la fois le muezzin et l’imam derrière lequel tout le monde, commerçants et clients, priait dans les kissarias d’El Koréa et de Hay Mohammadi, à Casablanca. Commerçant lui-même de son état, le jeune A. A, dont l’histoire rocambolesque est rapportée par le quotidien Al Akhbar du mercredi 15 janvier, a réussi à faire de son apparente religiosité un fonds de commerce.
S’étant érigé en muezzin et imam de la kissaria de Hay El Mohammadi, ce tenancier d’un magasin de prêt-à-porter a réussi à s’attirer la confiance de tous ses pairs, aussi bien sur place que dans les autres kissarias de Casablanca, comme celle d’El Koréa. Considéré comme un «sage» à cause de ses fréquentes entremises dans le règlement des conflits d'affaires entre commerçants en plus d’être leur imam, ces derniers ont commencé à traiter certaines affaires avec lui.
Abusant de la confiance aveugle de son milieu, le muezzin-imam a ourdi une machination qui allait lui permettre d’engranger rapidement un argent fou. Ainsi, il se fournissait chez certains grossistes, sans avoir à payer sur-le-champ ni à déposer un chèque de garantie, et partait vendre ladite marchandise en gros et à moitié prix dans une autre ville. Grâce à cette manœuvre, rééditée à plusieurs reprises en un temps très court, il a réussi à amasser une fortune conséquente.
Mais «El Abdi», comme le surnomment les commerçants de la kissaria de Hay Mohammadi, ne s’arrêta pas là. Son dernier forfait consistera à demander à ses pairs un prêt en vue de faire face à une commande urgente de marchandises. Une cagnotte de 300.000 dirhams a été cotisée pour lui, en moins d’une heure. Depuis lors, il n’a plus donné signe de vie.
Selon Al Akhbar, le «Tartuffe» de Hay Mohammadi aurait changé tout l’argent mal acquis en devises et quitté le Maroc vers une destination inconnue. La police s’est saisie de cette affaire pour en démêler l’écheveau, suite aux plaintes déposées par nombre de commerçants.
Morale de l’histoire: tout ce beau monde qui priait hier derrière cet imam est aujourd’hui aux trousses d’un escroc.