La séance extraordinaire du Conseil de la ville de Casablanca, tenue mardi dernier, a été marquée par une atmosphère de tension et de controverse. Au cœur du débat, une affaire de terrain à Ain Sebaa, initialement prévu dans le plan d’aménagement comme espace vert au profit des habitants, mais dont la propriété a été mystérieusement transférée à une société immobilière privée, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce jeudi 4 décembre.
Le dossier a provoqué l’indignation des élus et de l’opinion publique après la découverte que ce terrain d’un peu plus d’un hectare, inscrit comme bien collectif, avait été soudainement enregistré au nom d’une entreprise privée, sans information préalable du Conseil ni aucune décision officielle. Les élus se sont interrogés sur les modalités de cette opération et sur l’origine des autorisations ayant permis ce transfert. Plusieurs membres ont exigé que l’affaire soit immédiatement transmise au Parquet pour déterminer les responsabilités, soulignant que le dossier révélait de possibles irrégularités nécessitant une transparence totale.
Dans un climat de débats particulièrement vifs, Houcine Nasrallah, adjoint au maire en charge du patrimoine, a rappelé les déclarations du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au Parlement, affirmant que tout bien mal acquis serait récupéré. S’adressant directement à l’entreprise bénéficiaire, Nasrallah a averti qu’aucun terrain ne serait cédé sans conséquence. Il a souligné l’absence de toute décision judiciaire autorisant le transfert et a évoqué d’autres dossiers en cours devant le Parquet, impliquant des détournements de plusieurs centaines de millions de dirhams. Parmi les biens récupérés, figurent notamment le club équestre Sidi Othmane et des locaux commerciaux à Zerktouni, dont les sommes en jeu dépassent 470 millions de dirhams, soit près du double du budget d’une des communes casablancaises.
L’un des points forts de la séance a, justement, été la célébration de cette récupération, fruit de décisions judiciaires définitives. Ce succès a été salué comme une preuve tangible de l’efficacité de la gestion actuelle et du suivi rigoureux des dossiers hérités des mandats précédents. Les élus de la majorité ont souligné que cette réussite financière reflétait un renforcement de la gouvernance, permettant à la ville de récupérer des droits qui risquaient d’être perdus.
Le Conseil a également validé à la majorité la création d’une société régionale de gestion des infrastructures sportives, baptisée CASAREGIONSPORT, chargée de gérer et de moderniser les installations sportives de la ville, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Cette initiative s’inscrit dans la préparation de Casablanca pour accueillir la Coupe d’Afrique 2025 et le Mondial 2030.
La maire, Nabila Rmili, a précisé que le capital de la société s’élevait à 20 millions de dirhams, réparti entre le ministère des Finances (50%), la région (23%), la Fédération royale marocaine de football (18%) et la commune de Casablanca (10%). La société aura pour mission la gestion, la maintenance et la modernisation des grands stades, tout en développant des services économiques parallèles tels que la billetterie numérique, l’exploitation des espaces publicitaires et l’organisation d’événements sportifs.
Le Conseil a également approuvé plusieurs projets de plan d’aménagement pour les quartiers de Maârif, Roches Noires et Ain Sebaa, ainsi que l’extension et la modernisation de la fourrière municipale d’Oulad Azzouz. Des modifications de la fiscalité locale ont été adoptées, et plusieurs partenariats pour la restauration de marchés, l’aménagement de centres sociaux pour femmes et enfants, et le soutien aux associations de jeunesse ont été validés.
Selon Nabila Rmili, ces initiatives représentent une avancée significative pour le développement urbain durable, l’amélioration de la qualité des services publics et la création d’espaces urbains intégrés répondant aux besoins des habitants.
Entre les scandales fonciers qui secouent la mairie, la récupération de fonds considérables et le lancement de projets sportifs ambitieux, le Conseil de Casablanca affiche un agenda chargé et contrasté. Les prochains mois seront déterminants pour la crédibilité du mandat actuel: transparence dans les dossiers sensibles, préparation aux événements internationaux et réforme des infrastructures urbaines. La ville semble à la croisée des chemins.







