Au Maroc, le combat contre le cancer se heurte à un obstacle inattendu: l’absence de prise en charge de certains traitements de dernière génération. De nombreux patients, bien que couverts par le régime d’assurance maladie obligatoire, découvrent que des médicaments essentiels à leur protocole ne figurent pas sur la liste des médicaments remboursés, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end du 26-27 juillet.
C’est le cas de Keytruda, un médicament immunothérapeutique reconnu mondialement pour son efficacité contre plusieurs formes de cancers avancés. Malgré son usage répandu à l’international et ses résultats prometteurs, il reste exclu du panier de soins remboursables au Maroc. Résultat, lit-on, une seule dose coûte plus de 50.000 dirhams, une somme inabordable pour la majorité des familles. À titre d’exemple, une patiente de la ville d’El Jadida s’est vue notifier officiellement par la CNOPS que son traitement ne lui serait pas remboursé, la condamnant à interrompre ses soins faute de moyens.
Cette situation met en lumière les limites criantes de la couverture sociale, surtout face à des pathologies lourdes comme le cancer. Dans le même temps, le gouvernement tente de faire passer un nouveau décret pour réviser à la baisse les prix des médicaments, notamment ceux dédiés aux maladies chroniques et graves. Mais le projet se heurte à la résistance farouche de certains laboratoires et distributeurs qui brandissent la menace d’un désengagement économique.
De nombreux acteurs du secteur dénoncent ces pressions, estimant qu’elles servent avant tout à préserver des marges de profit jugées «exorbitantes» et payées au prix fort par les malades. Selon des professionnels de santé cités par Al Akhbar, le coût moyen d’un traitement mensuel contre le cancer du sein ou du poumon varie entre 20.000 et 60.000 dirhams. En face, les remboursements, quand ils existent, se limitent souvent à quelques milliers de dirhams, sans compter le refus quasi systématique de prendre en charge les traitements les plus récents, sous prétexte qu’ils ne figurent pas encore sur la liste nationale.
Face à cette impasse, médecins, associations et patients multiplient les appels pour une refonte urgente des dispositifs existants. Ils exhortent le ministère de la Santé et de la Protection sociale à mettre à jour les listes de médicaments remboursables et à élargir la couverture aux traitements vitaux, afin de garantir un accès équitable aux soins, comme le prévoit l’ambitieux chantier royal de généralisation de la protection sociale.
Pour eux, l’accès au traitement ne peut rester un privilège soumis à des procédures lourdes ou à des décisions opaques. C’est, rappellent-ils, un droit fondamental, inscrit dans la Constitution et qui devrait échapper aux jeux d’influence des lobbies.








