L’Autorité nationale du renseignement financier vient d’être saisie par des professionnels sur un possible trafic suspect d’or. D’après le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son numéro du jeudi 7 mars, dans leurs déclarartions, des bijoutiers ont mentionné des acquisitions anormales de quantités du métal précieux.
Des clients auraient acheté des quantités importantes, et en plusieurs transactions successives, du métal jaune dans différents points, à Casablanca, Tanger et Nador. Ce qui a attiré l’attention des bijoutiers qui ont immédiatement alerté l’ANRF comme le stipule la loi.
Le quotidien laisse entendre que derrière ces achats se cacheraient des opérations de blanchiment d’argent. En effet, poursuit Assabah, citant des sources proches du dossier, des barons de la drogue et autres personnes disposant de revenus provenant d’activités illégales ou suspectes ont l’habitude de se rabattre sur l’or pour blanchir ces revenus.
D’habitude, ajoute le quotidien, ces personnes recourent à l’achat massif de l’or et des pierres précieuses qu’elles gardent ensuite chez elles dans des coffres forts en attendant le moment propice, ou en cas de besoin, pour les remettre en vente. Elles peuvent ainsi disposer immédiatement de sommes importantes, le plus souvent en cash.
Après avoir soupçonné pareille pratique, les bijoutiers ont saisi l’Autorité nationale du renseignement financier. D’après le quotidien, une fois alertée, les enquêteurs de l’ANRF lancent des investigations pour soupçons de blanchiment d’argent.
Ce n’est pas la première fois, relève le quotidien, que l’ANRF a été alertée par des bijoutiers qui ont constaté une demande peu commune sur les bijoux et les pierres précieuses. Les bijoutiers sont, d’ailleurs, obligés par la loi, d’alerter l’ANRF à chaque fois qu’ils notent des transactions douteuses qui pourraient servir dans le blanchiment de capitaux ou dans le financement du crime organisé ou du terrorisme.
Le secteur de la bijouterie et de la joaillerie, note Assabah, est un secteur propice à ce genre de pratiques. Surtout qu’un grand nombre des professionnels du secteur ne sont pas encore totalement au fait des dispositions légales relatives au blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. C’est aussi un domaine où règne le cash et où nombre de boujouter travaillent encore dans le noir. Ils traitent donc tous leurs clients sur le même pied d’égalité.
C’est pour cela que les enquêteurs de l’ANRF ont déjà rencontré par le passé plusieurs bijoutiers et les ont incités à redoubler de vigilance surtout quand ils ont affaire à des clients inhabituels. Ils leur ont également exposé les procédures à suivre en cas de doute sur un de leurs clients et surtout les services auxquels il faut s’adresser.
C’est aussi pour cette raison que les services de la Douane organisent, eux aussi, régulièrement des campagnes de sensibilisation au profit de ces commerçants quant à la gravité du délit de blanchiment des capitaux.