C’est une affaire pour le moins rocambolesque. Une citoyenne a obtenu un jugement favorable dans une affaire intentée contre une banque de Mohammedia, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 16 et 17 novembre. Le jugement porte sur une somme de 20 millions de dirhams que la banque a été condamnée à lui verser. Pourtant, cette cliente n’a jamais intenté de procès en ce sens, ni d’ailleurs réclamé cette somme.
Comme le rapporte le quotidien, l’affaire a commencé le jour où cette citoyenne de la ville de Mohammedia a appris qu’un jugement avait été rendu en sa faveur, d’abord en première instance, et, ensuite, en appel par le tribunal de commerce de Casablanca contre une institution bancaire de la place. L’affaire ainsi jugée porte sur la perte de deux bons de caisse qui lui ont été attribués. Précisons au passage que dans le jargon bancaire, un bon de caisse est un titre de créance productif d’intérêts. Il est délivré en échange d’un dépôt de fonds, sur une période fixée à l’avance.
Le quotidien affirme qu’il s’agit d’un vrai-faux procès. Le procès est bien réel, mais ses éléments sont des faux. Des malfaiteurs ont monté cette affaire de toute pièce au nom de cette personne et mandaté un avocat pour plaider devant le tribunal.
Du coup, la fausse plaignante a été interpellée par la police judiciaire qui menait une enquête dans une autre affaire. L’intéressée a nié avoir mandaté un avocat, tout comme elle a nié avoir porté cette affaire devant la justice et même être propriétaire des deux bons de caisse en question. Elle a également nié avoir établi et fait authentifier une déclaration de perte des deux documents. Elle ne connaît pas non plus l’avocat qui a plaidé dans l’affaire.
D’après le quotidien, les responsables de la banque ont pu avoir connaissance des déclarations de leur cliente, mais manifestement ils ne les ont pas prises en compte. Ces déclarations ayant été enregistrées dans le cadre d’une autre affaire dans laquelle la banque est partie civile.
Cependant, ils n’ont pas cherché à lancer d’enquête sur cette affaire de falsification. Au lieu de cela, souligne le quotidien, ils ont jugé bon de pourvoir en cassation, sans faire aucune référence aux déclarations de leur cliente.
Le plus drôle, poursuit Al Akhbar, c’est que la banque a obligé cette citoyenne à exécuter le jugement du tribunal, lui demandant d’encaisser le montant en question, puis de le reverser immédiatement à la banque.
La cliente a alors intenté un procès à la banque. L’affaire est aujourd’hui devant le tribunal pénal de Casablanca.