D’après des sources contactées par Le360, les plages relevant de la préfecture d’Agadir Ida-Outanane — de la plage municipale à Imsouane en passant par Anza, Aourir-Imourane, Taghazout et Aghroud — avaient connu plus de 200 cas de noyade durant l’été 2024, dont la majorité s’était soldée par des sauvetages. Seuls trois décès avaient alors été déplorés, tous sur la plage d’Aghroud. En revanche, pour l’été 2025, avant même le lancement officiel de la saison balnéaire, on recense déjà cinq morts et plus de 70 sauvetages.
Une hausse alarmante qui s’explique notamment, selon nos interlocuteurs, par les conditions météorologiques défavorables, notamment les fortes pluies récentes à Agadir. Ces intempéries ont modifié l’état de la mer, causant l’apparition de trous et de courants dangereux, particulièrement sur la partie allant de l’hôtel Amadil à l’hôtel Robinson, au niveau de l’embouchure de l’Oued El Houar.
La responsabilité de ces drames incombe aussi aux estivants, nombreux à ignorer les consignes de sécurité. Malgré les drapeaux noirs, les panneaux d’avertissement ou les appels à la prudence, certains baigneurs persistent à s’aventurer dans des zones interdites à la baignade. Les services de secours appellent avec insistance au respect des instructions données par les maîtres-nageurs, rappelant que seule la vigilance collective permettra d’éviter de nouvelles tragédies.
Bien que les plages d’Agadir Ida-Outanane soient surveillées, le nombre de sauveteurs reste insuffisant face à l’afflux important de touristes nationaux et internationaux attirés par les atouts balnéaires de la région. Les acteurs du secteur réclament une augmentation du nombre de maîtres-nageurs, de meilleures conditions de travail (transport, équipement, rémunération), et une valorisation de cette mission cruciale de sauvetage, souvent exercée dans des conditions éprouvantes.
Une mer trompeuse?
Dans ce contexte, Ayoub Chadli, champion du monde de plongée sportive, souligne que la situation est préoccupante. «Les maîtres-nageurs travaillent sans relâche, de 8h du matin à 20h, toute la semaine. Mais cela ne suffit pas», explique-t-il dans une déclaration pour Le360. Il raconte avoir personnellement sauvé un couple qui s’était aventuré dans l’eau de nuit, hors des horaires de surveillance: «Hier, j’étais avec un ami, on a vu une dame et son mari se noyer vers 21h. On a foncé pour les sauver. Sans nous, ils seraient morts.»
Il alerte aussi sur les zones à très haut risque: «La mer d’Agadir est belle, mais certaines zones sont très dangereuses, avec des trous, des courants… Les gens doivent écouter les maîtres-nageurs.»
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Un autre témoin, interrogé sur place, ajoute: «La mer a changé depuis les pluies, il y a plein de trous. Il faut lire les drapeaux et les panneaux.»
Il insiste aussi sur la responsabilité des familles: «On alerte les familles pour qu’elles fassent attention à leurs enfants et suivent les consignes. Ce n’est pas partout qu’on peut se baigner.»
Un été à haut risque
Avec la saison estivale qui commence à peine, les autorités locales, les services de secours et les acteurs touristiques appellent à la prudence. Des campagnes de sensibilisation, une meilleure signalisation des zones interdites et un renforcement du dispositif de sauvetage sont aujourd’hui indispensables pour éviter que la mer, lieu de détente par excellence, ne devienne un théâtre de tragédies. «Espérons que cet été se passe bien», conclut un maître-nageur.







