La dot est un bien que les parents de l’épouse donnent à son mari et qu’il doit rembourser en cas de divorce. La dot a existé en Europe et se poursuit à ce jour en Inde.
Chez les Juifs et les musulmans, c’est le douaire, obligatoire.
Chez les Juifs, il y a la ketouba, acte de mariage où le mari s’engage à subvenir aux besoins de sa femme, qui lui doit entière obéissance.
La ketouba est une œuvre d’art, décorée, avec des couleurs et de la dorure. Des tableaux richement ornés qui reflètent l’art des pays et des époques.
Les époux juifs y inscrivent des sommes faramineuses pour prouver leur intention de ne jamais divorcer. Des sommes dues en cas de divorce. Au Maroc, une pratique: «zid liha fel kteba» (rajoute-lui dans sa ketouba) que l’on dit au mari pour complimenter son épouse. Chez les musulmans, on dit «zid liha fi sdaq», juste pour complimenter. Mais les époux juifs font inscrire des ajouts de sommes sur la ketouba, parfois à la naissance d’un garçon ou pour gratifier l’épouse. Ce qui rend le divorce difficile, voire impossible, puisque le mari devra verser cette somme à l’épouse en cas de divorce.
Au décès du mari, l’épouse reçoit le contenu de la ketouba qui ne lui a pas été versé.
Chez les chrétiens, aucune exigence de dot ou de douaire. La Bible ne parle de dot que si un homme déflore une vierge qui n’est pas sa fiancée. «Il paiera sa dot et la prendra pour femme. Si le père refuse de la lui accorder, il paiera en argent la valeur de la dot des vierges.» (Exode 22:16-17)
Le Coran parle de mahr ou sadaq (gage d’amitié) ou nihlah (beau cadeau).
Il est obligatoire pour lever le tabou sexuel: «Et donnez aux épouses leur mahr, de bonne grâce» (Les Femmes; 4). «Et si vous divorcez d’avec elles sans les avoir touchées, mais après avoir fixé leur mahr, versez-leur alors la moitié de ce que vous avez fixé, à moins qu’elles ne s’en désistent…» (La Vache; 237).
Le mahr appartient à la femme. Les biens de la musulmane sont sa propriété et ne peuvent être revendiqués par l’époux.
Si le mari meurt avant d’avoir versé le douaire, cette somme devra être remise à l’épouse avant le partage de l’héritage.
Si l’épouse annule le mariage avant consommation sexuelle, elle devra remettre l’intégralité du douaire à l’époux.
Coran et Code de la famille exigent le douaire, sans minimum ni maximum.
Avec l’instauration de l’acte de mariage, s’est développée une sécurité pour protéger les femmes: la valeur du mahr est élevée, mais le mari n’en donne qu’une partie. Le reste est inscrit sur le dos de l’acte (mu’akhkhar assadaq). Il est dû à l’épouse en cas de divorce, mais pas de décès du mari.
Le mahr se négocie entre hommes. La famille du mari est généreuse pour sauver son honneur. Celle de la mariée est exigeante pour valoriser cette dernière.
C’est aussi pour rendre le mariage difficile afin de décourager les maris de divorcer ou d’avoir plusieurs épouses.
Le mahr est dépensé par les parents pour compléter dhaze (trousseau) de la mariée et payer la totalité ou une partie des frais des cérémonies.
Aujourd’hui, le mahr perd de sa valeur. Mais le prix du mariage flambe!
Un jeune marié: «Mon beau-père m’a dit qu’il ne vendait pas sa fille. Il a inscrit sur l’acte de mariage un Louis d’or (2.300 dirhams). Mais il m’a dépouillé pour les frais de la cérémonie!»
Le mari doit ramener dfou’ (cadeaux). Les femmes de la famille de la mariée en fixaient le contenu. La formule «jouje jouje male haja» était courante (deux pièces de chaque article): caftans, pyjamas, babouches et chaussures, foulards et bijoux. Aujourd’hui, la mariée choisit ses cadeaux, qui ont subi les influences de la modernité.
Le dfou’ arrive lors de la cérémonie, dans les tiafères, coffrets reluisants. Plus il en y a, plus l’admiration est grande. Le contenu est un mélange de tradition et de modernité: lait, dates, henné dans des sachets luxueux, chocolat, sacs, chaussures, foulards… signés. Et un coffret sorti de la cave d’Ali Baba: montre signée, bijoux sertis… Le tout exposé aux invités.
Faste et ostentation! C’est à ceux qui en feront le plus!
Les femmes s’émancipent, mais s’emprisonnent dans un matérialisme parfois indécent!
Exhibition de fortune réelle ou simulée: location de salles somptueuses à la facture salée, compositions florales, monticules de nourriture de toutes nationalités, animation variée…
Quand les familles ont les moyens, cela parait normal, mais la grande majorité s’endette, vend des biens, fait pression sur les couples. Et ce, dans toutes les catégories socioéconomiques.
Les jeunes filles, modernes, vivent encore sous le charme des contes de fées.
Les hommes accusent les femmes de pousser à la dépense, mais beaucoup se laissent manipuler. Jalil, 36 ans: «Je refusais tout ce faste. J’ai dû m’endetter car ma mère m’a fait du chantage affectif.»
Les préparatifs du mariage, censés se passer dans la joie, deviennent source de tensions entre les futurs époux, entre les deux familles.
Un homme se lamente: «Les jeunes ne peuvent plus se marier. Les frais du mariage sont inaccessibles! Les Marocaines sont matérialistes!»
Le budget des festivités peut dépasser les 3 à 5 ans de salaire de l’époux.
Réponse de jeunes filles: «Les hommes veulent se marier gratuitement, sans mahr. Ils veulent que les épouses et leurs parents financent les festivités et équipent le domicile. Il n’y a plus d’hommes!»
L’ennemi des couples qui débutent leur vie conjugale? L’endettement pour alimenter les apparences!
L’adage marocain dit «zwage lila tadbirou âame» (cérémonie d’une nuit, souffrance d’une année).
S’offrir un beau mariage, oui, mais pas au détriment du bonheur conjugal! Pour se faire plaisir et non pour épater la galerie… Car sachez qu’elle ne le sera jamais totalement, quoi que vous fassiez!