Dans sa thèse sur la mortalité maternelle en réanimation obstétricale, présentée et soutenue publiquement mercredi 13 juillet 2022, Fatima-Zahra Afryad, médecin interne du CHU Mohammed VI de Marrakech, a fait le point sur la mortalité maternelle à Marrakech.
Cette étude rétrospective est étalée sur six ans, de janvier 2016 à décembre 2021, et porte sur 143 cas de décès maternels, répertoriés dans le service de réanimation maternelle du CHU Mohammed VI de Marrakech. L’objectif de cette étude a été de contribuer à l'amélioration des connaissances sur les causes et facteurs déterminants des décès maternels, de décrire les caractéristiques de ces femmes, l'évitabilité de ces décès et enfin d'émettre des suggestions pour orienter les stratégies de réduction de la mortalité maternelle.
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Les cas des femmes décédées qui répondent à la définition de l’OMS dans le service de réanimation maternelle CHU Mohammed VI de Marrakech, et dont les dossiers ont été exploitables, ont été inclus dans cette étude, qui permet d'abord d'apprendre que leur moyenne d’âge est de 32 ans, et que les cas extrêmes surviennent auprès des femmes âgées entre 17 et 48 ans.
Les femmes les plus atteintes par la mortalité maternelle appartiennent à la tranche d'âge des 35 an et plus, avec un taux de 39%, alors que les moins de 20 ans sont les plus épargnées, avec seulement 6% des cas de décès répertoriés. Il ressort également de ce travail que 57% des femmes décédées sont issues du milieu rural, contre 43% du milieu urbain. Près de 22% d’entre elles ont été suivies en consultation prénatale.
Selon cette même étude, les décès résultant de complications obstétricales représentent 79% du total recensé, avec une prédominance pour l'hypertension artérielle (32,2%) et l'hémorragie (23%). Les causes obstétricales indirectes représentent 21% des décès, dont une grande majorité est due au Covid-19 (40%).
La proportion des décès jugés «évitables» parmi les décès répertoriés dans le cadre de cette étude est de 70%. Dans le détail, les décès en rapport avec une cause directe étaient évitables dans 87% des cas, et dans 33% des cas pour une cause indirecte. Les facteurs liés aux structures de santé représentent un taux de 71% par rapport à l’ensemble des facteurs retenus, contre 29% pour des facteurs «liés à la communauté».
Par ailleurs, différents facteurs ont été responsables du retard au recours aux soins. Il s'agit notamment de l'automédication, de l'ignorance des signes de complications, d’un manque de confiance envers les prestataires de santé, de routes impraticables et d'un manque de moyens de communication.
En vue d'aboutir à l'amélioration de la santé maternelle, il est recommandé d’assurer la disponibilité et le fonctionnement des soins obstétricaux d'urgence multidisciplinaires (24h/24) et de renforcer les équipes de gynécologie-obstétrique et de réanimation.
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Il est aussi préconisé d’impliquer davantage les SAMU dans le transfert des urgences obstétricales et de réduire le temps écoulé entre la survenue d'une complication et une prise en charge appropriée.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie de mortalité maternelle le décès de la mère lors de la grossesse, ou dans les 42 jours qui suivent l’accouchement, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais qui n'est ni accidentelle ni fortuite.
Les données hospitalières demeurent donc des sources potentielles importantes d'information, puisqu’elles pourraient être nettement perfectionnées et contribuer au renforcement des capacités d'autoévaluation des services.
Il y a donc, selon les conclusions de ce travail, un impérieux besoin de renforcer la politique de réduction de la mortalité maternelle. Pour cela, il faudra axer les efforts sur l'éducation de la population, ainsi que la formation continue du personnel de santé.