Poursuivi pour viols sur mineurs et traite d’êtres humains à Paris, l’homme d’affaires Jacques Bouthier est accusé par quatre jeunes femmes à Tanger de harcèlement sexuel. La défense des plaignantes, qui travaillaient dans le groupe de courtage en assurances détenu par le concerné au moment des faits, s’apprête à entamer une nouvelle bataille judiciaire en France, après la demande d’une commission rogatoire.
En mars dernier, le milliardaire français, ex-PDG du groupe Assu 2000, a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire moyennant une caution de 500.000 euros. Une libération qui remet en question, selon l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), la neutralité de la justice française dans le traitement de cette affaire.
«Malheureusement, cette libération a suscité une appréhension chez la défense et la société civile quant au déroulement de la procédure judiciaire. La justice française a manqué de neutralité sur ce point», a regretté, dans une déclaration pour Le360, Aïcha Guellaa, avocate et présidente de l’AMDV.
Et d’ajouter: «On a demandé une commission rogatoire, qui a été acceptée par la cour correctionnelle de Tanger. On a collaboré avec une consœur en France pour déposer quatre nouvelles plaintes en plus des deux déjà déposées, mais on n’est pas optimistes. La justice française a considéré que le pouvoir financier peut braver les dispositions légales. Comment les victimes peuvent-elles se sentir en sécurité quand elles voient leur agresseur vivre et circuler librement?»
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Me Guellaa s’est également inquiétée de la mise en examen de deux policiers français soupçonnés d’avoir fait pression sur la principale plaignante qui a dénoncé l’homme d’affaires. Une arrestation qui prouve, selon elle, le recours massif à la corruption dans le cadre de cette affaire.
«Cette arrestation pose un grand problème. Cela veut dire que cette personne jouit d’un grand pouvoir en France et dispose de tous les moyens, notamment financiers, pour rester en liberté malgré les crimes très graves qui ont été commis», a précisé l’avocate.
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De leur côté, les victimes dénoncent la mise en liberté de Jacques Bouthier et appellent la justice française à s’activer pour les protéger. «On a appris récemment que Jacques Bouthier était en liberté conditionnelle en contrepartie d’une caution de 500.000 euros. Je ne vous cache pas qu’on est moins sereines qu’avant, cela nous perturbe. On se dit que, peut-être, la justice est achetable en France», a souligné l’une des victimes sous couvert d’anonymat.
Ces femmes gardent néanmoins espoir: «Aujourd’hui, on est face à un homme de pouvoir qui a commis beaucoup de crimes vis-à-vis de personnes mineures et de certaines employées de sa société. Nous avons décidé, avec quelques victimes, de porter plainte en France contre cette personne et nous espérons obtenir justice.»