Alors que la clôture des débats en première instance du procès de l’«Escobar du Sahara» à la cour d’appel de Casablanca approche, un rebondissement stratégique est intervenu. La défense de l’homme d’affaires malien Haj Ahmed Ben Brahim a décidé de se constituer partie civile. Les avocats, Hanane Allam et Issam Samri, ont déposé leur mandat en ce sens, en prévision du dépôt de requêtes indemnitaires, rapporte le quotidien Assabah du week-end (6 et 7 décembre).
Cette annonce survient à la suite d’une audience tenue jeudi 4 décembre, marquée par la plaidoirie de la défense d’un autre prévenu, B.B., poursuivi pour faux témoignage. L’avocat de ce dernier a vigoureusement contesté le bien-fondé des poursuites, arguant d’un déficit de base légale au regard de la définition stricte que le législateur marocain réserve à ce délit. Il s’est engagé à produire devant le tribunal des décisions de la cour de cassation établissant que des déclarations faites en dehors de l’enceinte judiciaire ne sauraient être qualifiées de faux témoignage.
La défense a, par ailleurs, martelé que son client n’a, à aucun stade de l’enquête ou de l’instruction, admis avoir reçu la moindre contrepartie financière, promesse ou récompense en échange de ses dires. Une affirmation corroborée par le témoin accusé, Abdenabaoui Bioui, qui a nié tout avantage, précisant que cette négation, loin d’être une esquive, a pleine valeur juridique en l’absence de preuve contraire. Insistant sur l’aisance sociale et l’absence de motivation de son client, l’avocat a présenté les faits incriminés comme le fruit d’une simple «naïveté» ou d’une «erreur d’appréciation». Il a donc conclu en réclamant la prescription de l’action publique.
Dans une ligne de défense convergente, l’avocat M’barek Meskini, représentant l’accusé K.S., a dénoncé des irrégularités de procédure. Il conteste la validité de certains procès-verbaux de police et souligne le caractère inhabituel du traitement du dossier, notant que plusieurs éléments reprochés avaient déjà fait l’objet d’investigations et de décisions judiciaires antérieures, note Assabah. Pour lui, le cœur du problème réside dans «la multiplication des déclarations et leurs contradictions». Selon ses observations, «nous sommes face aux mêmes faits mais avec des récits qui changent et se contredisent sur des points clés», jetant selon lui un doute sérieux sur la solidité de l’accusation.







