Kaoutar Boudarraja, alias Kao, s’est éteinte un vendredi 27 juin, un jour de l’an où le cœur n’était pas à la fête. Sa disparition brutale, à 40 ans seulement, est vécue comme un déchirement pour beaucoup d’entre nous. On ne s’attend pas à ce que la mort frappe ainsi, aussi injustement, une personne à la fleur de l’âge, jeune maman, qui a encore toute la vie devant elle et tant de choses à accomplir.
Kao c’était un sourire immense, des yeux de jais emplis d’étoiles, un regard qui vous transperce et vous parle littéralement, un franc-parler qui agit comme une bouffée d’air frais en pleine canicule, un rire tout aussi franc… C’était aussi et surtout une femme de valeur et d’une très grande dignité. Dignité dans laquelle elle s’est majestueusement drapée, avec l’élégance qui était sienne, jusqu’à son dernier souffle, dans son combat contre la maladie.
Figure de la télévision tunisienne et marocaine, aussi à l’aise sur un plateau télé, que sur un plateau de tournage ou un podium, tantôt animatrice, tantôt actrice, tantôt mannequin, Kao n’était pas une femme sur laquelle on colle une étiquette et qu’on fait entrer dans une case. Le monde n’était pas assez grand pour cette femme brillante et d’une grande culture dont l’ambition épousait les causes. Et c’était là toute sa noblesse: associer son métier à ses idées et ses idéaux pétris de militantisme. La cause des femmes, le féminisme, oui assurément ça la faisait vibrer, ça la mettait en colère, ça la transcendait, ça l’animait, mais au-delà de ça, il était question de justice dans ses combats et de beaucoup d’humanité.
Elle n’était pas femme à juger, elle qui l’était sans cesse. Les critiques, les insultes, les médisances, l’hypocrisie… elle nageait avec aisance et indifférence feinte– car elle était sensible sous sa carapace de guerrière– dans ces eaux troubles, ne perdant jamais de vue l’objectif final, donner du sens à ces actions, n’en déplaise aux uns et aux autres.
C’est une étoile qui s’éteint dans notre ciel. Une icône des années 2000 qui incarnera à tout jamais la femme marocaine dans ce qu’elle a de plus beau, de plus noble, de plus valeureux… Une femme libre rentrée avec fracas dans nos cœurs et partie sur la pointe des pieds.







