Accident mortel à la station hydroélectrique Al Wahda: l’ONEE accuse une filiale de Delta Holding qui dément fermement

Abderrahim El Hafidi, directeur général de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable.

Les accidents mortels impliquant des installations relevant de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) soulèvent bon nombre d’interrogations. Trois mois seulement après le drame du transformateur électrique de l’aéroport Mohammed V, et la passe d’armes qui s’en est suivie avec l’Office national des aéroports (ONDA), une nouvelle affaire fait surface suite à la révélation d’une sanction infligée à une filiale du groupe Delta Holding accusée d’être responsable d’un décès au sein de la station hydroélectrique Al Wahda, dans la région de Ouezzane.

Le 01/12/2023 à 10h54

L’ONEE vient de sanctionner la Générale des aciers (GENA), une filiale de Delta Holding, en l’excluant de ses appels d’offres pour une durée de cinq ans. L’information a été rapportée en premier lieu par Africa Intelligence. «L’affaire remonte à la mort, en 2022, d’un “agent occasionnel” au cours d’un accident au sein de l’usine hydroélectrique d’Al Wahda, dans la région de Ouezzane. La GENA y opérait alors un contrat pour le rechargement et le revêtement des ouvrages hydromécaniques», rappelle le média parisien.

Et d’ajouter: «Pour l’ONEE, la GENA s’est rendue coupable de “manquements graves au niveau des mesures de sécurité”. Après une première mise en demeure adressée à la société en octobre 2022, l’ONEE a jugé la réponse de la GENA insuffisante et a résilié le marché en mars.»

Effectivement, nous confirme une source au sein de l’ONEE, la GENA a été sanctionnée pour manquements au cahier des charges et au contrat signé entre les deux entités. L’office public n’a toutefois pas voulu se prononcer sur les détails de cette affaire.

Contactée par Le360, une source auprès de la filiale de Delta Holding dément toute exclusion des appels d’offres de l’ONEE. «Nous n’avons reçu aucune notification dans ce sens», souligne-t-on du côté de la GENA, ajoutant que l’entreprise n’a aucun lien avec cet accident qui s’est produit en 2021 (2022 selon Africa Intelligence, NDLR).

«Comment peut-on résilier le contrat alors que le marché est déjà livré, réceptionné et réglé?», s’étonne la même source, avant d’affirmer que «l’accident a eu lieu après la réception du marché» et que «la personne décédée ne fait pas partie du personnel de la GENA».

Il ressort clairement de ces propos que l’ONEE et la GENA ont deux interprétations opposées des contours de cette affaire qui, selon nos informations, se trouve actuellement entre les mains de la justice. Celle-ci n’a pas encore rendu son verdict.

Filiale du groupe Delta Holding, la GENA est spécialisée dans le montage et la maintenance des équipements métalliques. Elle intervient aussi dans l’aménagement des stations de pompage et l’installation des équipements portuaires et hydrauliques. Elle a déjà eu à traiter avec l’ONEE dans le cadre du projet de dessalement d’eau de mer à Chtouka Aït Baha. Elle compte également parmi ses clients les sociétés pétrolières Vivo et Total, ainsi que le Groupe OCP pour lequel elle a réalisé récemment une épaisseur de 40 mètres de diamètre au site de Merah Al Ahrach, lequel servira à injecter de la pulpe de phosphate, avant de la transporter vers le site de Jorf Lasfar via des pipelines.

L’incident du barrage Al Wahda nous rappelle le drame survenu en août dernier à l’aéroport Mohammed V, au niveau d’un combiné de mesure de haute tension, causant la mort d’un technicien de l’ONDA. Ce dernier a sorti un communiqué qui impute la responsabilité à l’ONEE, rappelant que les équipements électriques de haute tension installés dans la zone aéroportuaire, comme celui concerné par cet incident, sont sous la responsabilité de l’ONEE, qui en assure la maintenance. L’ONEE a également réagi par voie de communiqué pour démentir à son tour toute implication, précisant que «l’installation siège de l’incident est propriété de l’ONDA, conformément aux limites de propriété contractuelles» entre les deux offices publics.

L’on ne sait pas encore si la justice, à l’instar du drame du barrage Al Wahda, a été saisie pour délimiter les responsabilités dans l’accident de l’aéroport Mohammed V.

Par Wadie El Mouden
Le 01/12/2023 à 10h54