Depuis plusieurs semaines, la ville de Salé vit au rythme d’une affaire qui secoue profondément ses cercles politiques et administratifs, celle de la société de développement local «Sala Noor», chargée de la gestion de l’éclairage public, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce lundi 20 octobre. Ce dossier, désormais entre les mains de la Brigade nationale de la police judiciaire, a pris une nouvelle tournure après la réouverture d’une enquête sur de graves irrégularités financières et administratives présumées. L’affaire s’annonce comme l’une des plus complexes de l’histoire de la gouvernance locale à Salé, en raison de l’implication de personnalités influentes et d’anciens responsables communaux, peut-on lire.
Tout commence à l’époque où Jamaâ Moatassim, figure du Parti de la justice et du développement (PJD), présidait la commune de Salé. C’est lui qui avait saisi le procureur général près la Cour d’appel de Rabat pour demander l’ouverture d’une enquête sur de possibles malversations au sein de Sala Noor. Sa plainte évoquait des manipulations dans les marchés publics, des abus de pouvoir et un détournement présumé de fonds publics, ainsi que des soupçons de falsification et de conflits d’intérêts, rapporte Al Akhbar.
Le parquet général a confié l’affaire à la Brigade nationale de la police judiciaire, qui a depuis entendu plusieurs responsables actuels et anciens: des vice-maires, des cadres de l’administration chargés des marchés publics, mais aussi des dirigeants de la société Sala Noor. L’enquête s’appuie sur un rapport détaillé établi par l’Inspection générale de l’administration territoriale, relevant du ministère de l’Intérieur.
Ce document décrit une série d’anomalies comptables et de défaillances dans la gestion. Le rapport met notamment en évidence des irrégularités dans la libération du capital de la société, un non-respect des procédures légales d’appel au capital et de versement, ainsi que des dysfonctionnements dans la passation des marchés relatifs aux projets d’éclairage public.
Certaines factures auraient été artificiellement gonflées, tandis que le suivi technique des opérations aurait manqué de rigueur. Le document évoque aussi un «dévoiement de la gouvernance interne» et une «confusion injustifiée entre intérêts privés et publics», des remarques qui ont suscité de vifs débats au sein du Conseil communal.
Plus troublant encore, écrit Al Akhbar, le rapport souligne l’absence de contrôle réel de la commune sur la société, bien qu’elle détienne 51% de son capital, contre 49% pour le secteur privé. Fondée en 2015, Sala Noor devait rationaliser la consommation énergétique et réduire le coût de l’éclairage public. Dix ans plus tard, le constat est amer: Les dépenses de gestion ont explosé, les pannes persistent, et la qualité du service rendu aux habitants reste médiocre.
Dans ce contexte, la Brigade nationale a poursuivi, ces dernières semaines, ses auditions à Salé. Plusieurs élus et responsables locaux ont été entendus, parmi eux d’anciens vice-maires, des membres du Conseil d’administration de la société, ainsi que des fonctionnaires des départements des finances et de l’équipement de la commune.
Les enquêteurs se penchent aussi sur le rôle de certains ingénieurs et techniciens ayant travaillé sur les marchés de l’éclairage public au cours des dernières années. Les prochaines auditions devraient concerner Jamaâ El Moatassim lui-même, en sa qualité de plaignant, ainsi que plusieurs responsables mentionnés dans le rapport de l’Inspection générale et celui de la Cour régionale des comptes, ajoute Al Akhbar.
D’après des sources concordantes, l’enquête se concentre particulièrement sur les contrats de maintenance et d’approvisionnement, qui ont coûté des sommes considérables à la commune, sans amélioration notable du réseau d’éclairage. Les investigations portent également sur des soupçons de surfacturation et de manipulations lors de la sélection des entreprises et de l’évaluation des offres.







