À Rabat, la fantasia fait vibrer le quartier Yacoub El Mansour

L'édition 2025 du festival de la Tbourida de Rabat.(Y.Mannan/Le360)

Le 27/07/2025 à 16h05

VidéoPendant quatre jours, le quartier populaire de la capitale a accueilli un festival haut en couleur célébrant la Tbourida, art équestre ancestral, sous les yeux émerveillés de milliers de spectateurs.

Rabat, capitale du Royaume, a vécu ce week-end au rythme trépidant de la Tbourida, à l’occasion d’un moussem spectaculaire rassemblant 500 cavaliers et chevaux et une cinquantaine de serbates venus des quatre coins du pays pour faire vivre l’une des plus anciennes traditions marocaines.

C’est dans le quartier populaire de Yacoub El Mansour que s’est tenu ce festival régional, attirant une foule nombreuse venue admirer, malgré une chaleur écrasante, les représentations équestres données autour d’un terrain vague transformé pour l’occasion en arène vibrante. Les spectateurs, massés sous des tentes bondées, ont pu assister à des démonstrations de charge synchronisée et de tirs aériens, caractéristiques de la fantasia.

Organisé par la municipalité de Yacoub El Mansour en partenariat avec la wilaya du Grand Rabat, ce rendez-vous culturel s’inscrivait dans le cadre des festivités marquant la Fête du Trône 2025. Selon Abdelfettah El Aouni, président PAMiste de la municipalité, «le spectacle a affiché complet pendant quatre jours. Il y a à Rabat une véritable passion pour cet art populaire».

Dans le public, l’on croisait aussi bien des habitants du quartier que des visiteurs venus de loin. Un jeune Marocain vivant au Canada confiait son attachement à cette tradition: «Chaque fois que je rentre au Maroc, je cherche un moussem pour assister à un spectacle de fantasia. C’est un lien vivant avec mes racines.»

La Tbourida — ou Tibourida — simule les charges guerrières de la cavalerie tribale. Montés sur des chevaux richement harnachés, les cavaliers, vêtus de tenues traditionnelles, exécutent au galop une série de mouvements parfaitement synchronisés avant de tirer à blanc en l’air. Cette discipline, inscrite depuis 2021 au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, est bien plus qu’un art intimement lié au cheval: elle est un élément important de l’identité culturelle marocaine, souvent associée aux fêtes et célébrations. Elle est l’expression d’une mémoire collective, transmise de génération en génération.

Au-delà de la performance, c’est tout un imaginaire marocain qui s’est déployé à Yacoub El Mansour: celui des tribus, des chevaux fougueux, du fusil qui résonne comme un chant de guerre devenu fête. Un spectacle d’une rare intensité, à la croisée du patrimoine et du présent.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 27/07/2025 à 16h05