À Marrakech, les habits neufs de l’Aïd ne font plus recette

L'un des nombreux commerces de produits d'habillement à Souk Kaât Zit, à Marrakech.

Le 19/04/2023 à 14h41

VidéoDans la ville ocre, la tradition des habits neufs de Aïd Al-Fitr a du plomb dans l’aile. C’est ce qu’affirment les commerçants rencontrés par Le360 à Souk Kaât Zit, qui évoquent une demande bien en-dessous de ses niveaux habituels. Principale cause: l’inflation qui a rogné le pouvoir d’achat des consommateurs. Reportage.

Les jours précédant Aïd Al-Fitr sont habituellement une période de forte activité commerciale sur les marchés marocains, et une parenthèse des plus fastes pour les magasins d’habillement. La raison? La tradition des habits neufs de l’Aïd, qui aiguille les familles vers les rayons des vêtements et autres chaussures.

Ce n’est visiblement pas le cas cette année. L’engouement ne semble pas être au rendez-vous, comme le confirment des commerçants interrogés par Le360 à Souk Kaât Zit à Marrakech. Selon ces derniers, les ventes sont bien plus faibles qu’à la même période de l’année dernière, principalement à cause de la forte inflation, qui a rogné le pouvoir d’achat des Marocains.

«Contrairement aux années précédentes, la demande reste jusqu’à présent faible. Cette situation ne nous surprend pas, car les prix des vêtements ne sont plus les mêmes. Par exemple, le prix des baskets de sport est passé de 230 dirhams à 260 dirhams. Et ça pèse lourd dans le pouvoir d’achat d’une famille qui a plusieurs enfants», déplore ce tenancier d’un magasin de chaussures de sport.

Même son de cloche chez un commerçant de vêtements neufs, à quelques dizaines de mètres. «Certaines pièces sont passées d’un prix de 80 à 120 dirhams. Les effets de la hausse des prix sont palpables, et tout comme les consommateurs, nous sommes également touchés», explique notre interlocuteur.

Pour faire face à cette conjoncture difficile, certains commerçants ont dû s’adapter. «Pour suivre la baisse des budgets chez nos clients, nous proposons maintenant des produits à des prix plus abordables, mais d’une qualité inférieure. C’est le seul moyen de continuer à gagner notre vie», explique cet autre commerçant interrogé par Le360, qui attend toujours que la demande décolle d’ici l’Aïd.

Pourtant, dans le souk Kaât Zit à Marrakech, l’offre est des plus diversifiées. Les commerçants proposent un large choix de vêtements et d’accessoires, aux couleurs assorties et de différentes qualités, pour tous les âges. Et malgré la contraction du pouvoir d’achat des consommateurs, la coutume voulant que les enfants reçoivent des habits neufs pour Aïd Al-Fitr fait encore de la résistance. Quand le budget de leur parents le permet.

Par Mouad Marfouk
Le 19/04/2023 à 14h41