Le paradoxe est éloquent. Au moment où la direction du Polisario criait, mardi dernier, via son «croissant rouge», au risque d’une «catastrophe humanitaire» imminente dans les camps de Lahmada-Tindouf, des dirigeants du front séparatiste se payaient, aux frais du contribuable algérien et au détriment de la population des camps, des séjours dorés dans les palaces scandinaves! Cette contradiction est relevée par notre confrère Libération, dans son édition de ce lundi 12 octobre.
«L’Algérie débloque 10 millions d’euros pour couvrir les déplacements des dignitaires du Polisario»: sous ce titre parlant, l’organe francophone de la presse ittihadie indique que c’est le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra lui-même, qui avait demandé et mis à la disposition du Polisario cette manne financière, soit à peu près le même montant que celui réclamé pour «la survie des habitants des camps de Tindouf».
En effet, cette manne a servi, entre autres, au déplacement du coordinateur (mauritanien!) du Polisario, M’Hammed Khaddad, qui s'est rendu du côté d’Oslo, en Norvège, pour réagir à la contre-offensive du Maroc en Scandinavie, en prévention d’un plan suédois pour reconnaître la «RASD».
Récapitulons: pendant que les dignitaires du Polisario, déjà assez enrichis du vol d’aides humanitaires internationales (voir le rapport de l’Office anti-fraude de l’UE, février 2015), réservaient des vols VIP et des séjours avec transport dans des des hôtels-palaces, le «croissant sahraoui», en coordination avec son homologue algérien, poussait sa chansonnette, du côté de Tindouf, pour alerter contre une «imminente catastrophe humanitaire».
Charité-business, les sous et les dessous
«Le croissant rouge sahraoui, créé pour collecter les dons que les populations des camps ne verront jamais, a lancé, mardi 6 octobre, un appel urgent aux pays donateurs et aux organisations de la société civile afin de venir en aide aux réfugiés sahraouis», rapporte Libération. Et d'ajouter que «la baisse des rations a atteint 20% pour le mois d’octobre», au détriment d’une population déshéritée à souhait par une direction qui n’hésitait pas à faire commerce du lait des nourrissons et des dons en médicaments pour s’offrir des villas luxueuses du côté de la Costa del Sol, à Marbella, en Espagne, ou des plateaux bureaux loués à prix d’or à des multinationales établies à Nouakchott ou encore à Nouadhibou, en Mauritanie.
«Les demandeurs ont estimé à 11 millions de dollars le montant nécessaire pour couvrir ces besoins qui englobent des produits alimentaires en plus d’autres besoins, en particulier l’eau, les médicaments, les tentes, le matériel scolaire basique et les produits d’hygiènes", indique encore Libération.
«Depuis la diffusion du rapport de l’UE confirmant le détournement par des dirigeants du Polisario, avec la complicité de hauts responsables algériens, des aides humanitaires destinées aux populations des camps, celles-ci ne cessent de diminuer», relève le même quotidien, précisant que l’essentiel de ces aides n’est jamais arrivé à ses destinataires.
Le business de la charité a valu à la population de Tindouf des ennuis dont elle aurait bien pu se passer. «Plus de 25% des enfants en-dessous de cinq ans souffrent de malnutrition chronique et plus de 50% des femmes enceintes ou allaitantes sont anémiées, en plus de l’enregistrement d’un taux des plus élevés au monde de personnes céliaques et des maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension qui ont atteint une proportion inquiétante", relève encore le quotidien, citant le «croissant rouge sahraoui».
Une «proportion inquiétante», certes. Mais il y a plus inquiétant encore: en effet, «10% des aides internationales seulement arrivent à la population de Tindouf. Le Centre européen des études stratégiques, ESISC, avait déjà alerté contre le vol d’aide humanitaire par les pontes du Croissant rouge algérien et son homologue du Polisario. Citant le dernier rapport de l’Office de lutte anti-fraude (OLAF), relevant de l’Union européenne, l’ESISC, présidé par Claude Moniquet, avait expliqué que «le Croissant rouge algérien est le premier bénéficiaire du détournement de l’aide, suivi par les dirigeants du Polisario qui profitent de cette manne financière pour acquérir des armes, mais aussi et surtout des biens immobiliers personnels en Espagne».
En Espagne, voire en Scandinavie où les dignitaires du Polisario se paient des séjours dorés et des séances de shoppings au détriment du pauvre « peuple sahraoui » qu’il prétendent «défendre».