La suspension de la journaliste Soumia Dghoughi par la chaîne de télévision Medi1TV en raison de l’utilisation de l’expression «Sahara occidental» à la place de Sahara marocain dans l’émission «Afrique Soir», diffusée vendredi dernier, est symptomatique d’une réaction qui appartient au passé. Il fut un temps où on a martelé que l’utilisation de l’expression Sahara occidental servait les intérêts des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc. Il fallait éviter comme la peste cette expression, sous peine d’être pointé du doigt comme un ennemi de la Nation.
Or stricto sensu, Sahara occidental est une désignation géographique. Il s’agit de cette partie du territoire marocain allant du sud de Sidi Ifni à Lagouira. Sur ce site même, nous utilisons souvent l’expression «Sahara atlantique» pour éviter le coefficient politique qui est associé à «Sahara occidental». Or cette expression qu’on met par précaution entre guillemets ou «Sahara atlantique» désigne pourtant la même réalité géographique et couvre le même territoire et les mêmes populations qui y vivent. De même qu’on parle de l’Oriental, on parle de Sahara occidental. Les ennemis de l’intégrité territoriale ne devraient pas nous faire suffisamment peur au point de nous contraindre à ostraciser l’usage d’un lexique strictement géographique.
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On ne devrait pas laisser au Polisario et à son tuteur algérien l’exclusivité d’une désignation géographique. On ne devrait pas leur abandonner la nomination de notre Sahara qui se trouve à l’ouest et qui est par conséquent occidental. Approprions-nous sans complexe tout le champ lexical qui est associé aux réalités de nos territoires, allant du détroit jusqu’à la pointe méridionale du Sahara occidental. Banalisons l’usage de cette expression pour mieux l’enraciner dans notre vocabulaire.
Le Polisario et l’Algérie essaient de donner corps à un mirage saharien qu’ils nomment «République arabe sahraouie démocratique» («RASD»). C’est cette entité fantoche qui est l’ennemi des Marocains et non pas le Sahara occidental où vivent nombre de Marocains. Il faut établir le distinguo entre cette entité chimérique qu’est la «RASD» et le Sahara occidental. Car en laissant supposer par des précautions rhétoriques ou une ostracisation lexicale que «Sahara occidental» appartient au même registre que «RASD», on rend justement service aux ennemis de l’intégrité territoriale.
Le roi Mohammed VI prouve chaque jour par une politique à la fois visionnaire et réaliste qu’il n’existe pas de tabous concernant le dossier du Sahara. Il prend le taureau par les cornes, visite les bastions de ce qui était naguère considéré comme des soutiens inconditionnels du Polisario. Résultat de cette politique audacieuse et visionnaire: le Maroc a réintégré l’Union africaine, a tissé des liens avec des pays de l’Afrique australe ou une puissance continentale comme le Nigéria et a rétabli des relations diplomatiques avec Cuba. Conséquence de cette politique pragmatique: le Polisario n’a jamais été aussi affaibli sur le plan international.
Le communiqué de Medi1TV, diffusé hier, qui suspend une journaliste pour avoir utilisé l’expression «Sahara occidental», tout en prenant «des mesures administratives rigoureuses» contre elle est excessif et participe de réactions qui appartiennent au passé. Le Sahara occidental est marocain. Et il faut justement le marteler avec force pour ne pas en laisser l’usage exclusif aux ennemis du Maroc.