Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal (PI), Nizar Baraka, a accusé le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani d’inaction et de manquement à son devoir de répondre aux besoins de la population. Une négligence qui a fini par aggraver la crise économique, sociale et politique, ajoute-t-il, tout en considérant que le PI a fait le bon choix quand il a rallié l’opposition. A preuve, dit-il, depuis notre départ, il y a six mois, l’Exécutif persiste à opter pour les mêmes approches et les mêmes politiques ayant montré leur incapacité à répondre aux besoins pressants des citoyens.
Et Baraka de monter d’un cran en affirmant qu’un Exécutif qui ne réagit pas à l’expression de l’opinion publique, qui refuse tout dialogue sérieux et responsable avec les centrales syndicales et qui ignore toute proposition émanant des forces vives de la société, ne peut que faire, par lui-même, son constat d’échec.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition de ce mardi 30 octobre, que Nizar Baraka a fait cette sortie tonitruante lors d’une réunion du Conseil national du parti qui a lieu, ce week-end, dans la salle couverte Moulay Abdallah à Rabat.
Le patron du PI a indiqué que le parti a soumis en mai dernier, à travers ses deux groupes parlementaires, au chef du gouvernement, une requête urgente pour l’élaboration d’une loi de finances rectificative. Laquelle loi devait contenir des mesures immédiates et volontaristes pour faire face à la cherté de la vie, à améliorer le pouvoir d’achat de la population et à soutenir l’emploi des jeunes. "Mais le gouvernement a refusé notre proposition en affirmant qu’il faut attendre l’année 2019 qui pourrait apporter une conjoncture plus favorable et une solution magique à cette crise", enchaine Baraka, sur un ton ironique.
"Ce gouvernement, ajoute-t-il-, fait perdre du temps à la réforme, affaiblit l’attrait de l’investissement et les opportunités de l’emploi, altère un climat de paix sociale et de vie commune. Il contribue à la détérioration du pouvoir d’achat en continuant à geler les salaires, à faire obstacle au dialogue social et à répandre le sentiment de la peur qui commence à prendre la place de la confiance dans le présent et le futur."
Le patron du PI s’est interrogé sur les perspectives de la nouvelle politique d’intégration des jeunes à même de leur permettre une formation adéquate, un emploi décent et un cadre incitatif pour s’adapter au monde économique, social et citoyen. Il se pose des questions, aussi, sur les mesures prises par le gouvernement pour arrêter l’immigration clandestine et celle publique des jeunes compétences pour les inciter à rester chez eux et servir leur patrie.
Baraka questionne le gouvernement sur la suite donnée au plan de création de 1,4 million d’emplois promis aux jeunes. D'autant plus que, dit-il, nombreuses sont les PME qui ont fait faillite ou font face à d’énormes difficultés financières et autres. Sans oublier, ajoute le leader Istiqlal, l’engagement pris par le gouvernement depuis des mois pour plafonner les prix des carburants.
Baraka affirme qu’une première lecture de la loi de finances par les Istiqlaliens montre qu’elle n’apporte "aucun changement à l’architecture budgétaire relative aux priorités socioéconomiques". Il cite notamment la réforme de l’enseignement, l’amélioration de l’offre sanitaire, la protection du pouvoir d’achat, l’augmentation des salaires, l’aide fiscale aux entreprises conditionnée par l’emploi des jeunes et la rationalisation des dépenses de l’administration.
Quant au projet de la diversité linguistique et ethnique, Baraka confirme que le parti s’opposera à toutes les idées, orientations et pratiques qui tentent de porter atteinte à l’unité nationale. "Certains, ajoute-t-il, essayent d’utiliser cette diversité et cette richesse, qui caractérisent la culture marocaine, pour créer une fracture et engendrer des affrontements entre les composantes de la société." Leur objectif étant de créer des crises axiologiques, d’isoler l’identité nationale de son extension culturelle et linguistique dans le monde contemporain. Le patron du parti de l’Istiqlal conclut son réquisitoire en demandant, une nouvelle fois, au gouvernement de ne pas introduire ces débats factices dans le système éducatif.