La chaîne de télévision américaine en langue arabe, El-Hurra, a diffusé mercredi dernier une interview réalisée avec Brahim Ghali, le chef du Polisario, à Tindouf. Partant de la nouvelle dynamique créée depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, marquée surtout par la proposition d’une autonomie élargie comme solution au conflit créé autour de la question du Sahara marocain, le journaliste a, tout de go, demandé à Brahim Ghali pourquoi il n’a pas accepté cette proposition, tellement «raisonnable», dit l’intervieweur lui-même, qu’elle aurait mis fin au calvaire des populations sahraouies de Tindouf.
En plus du fait que le journaliste l’a présenté aux téléspectateurs d’Al-Hurra comme le simple «secrétaire général du Polisario», et non en tant que président de la prétendue «RASD», c’est un Brahim Ghali visiblement groggy, peu sûr de lui, nerveux, ignorant les règles les plus élémentaires de la langue arabe et du dialecte hassani, qui s'est lancé dans une série de réponses toutes en confusion, hésitations et répétition des mêmes litanies puisées dans le répertoire de la guerre froide du siècle dernier.
Tout au long de cette interview, Brahim Ghali, dont les longs silences après chaque question posée montrent bien qu’il est à court d’arguments, a clairement laissé transparaître qu’il défend une «cause» perdue. Et ce, en reconnaissant lui-même que «le monde entier a tourné le dos au peuple sahraoui». Il n’a donc rien trouvé de mieux que de s’attaquer à certains membres permanents du Conseil de sécurité qui «ont déçu les réfugiés sahraouis» pour avoir soutenu, selon lui, la proposition marocaine d’autonomie.
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Engoncé avec grandiloquence dans un fauteuil en cuir où il paraît ligoté comme sur une chaise électrique, tentant maladroitement de se donner des airs d’un dirigeant devant les caméras, Brahim Ghali a donné de lui l’image d’un homme politique de pacotille. Une attitude qui s'est trahie par sa gestuelle: ses mains et ses doigts n’ont pas cessé, tout au long de l’interview, d’opérer des mouvements circulaires sur les bras du fauteuil où il était engoncé. Cette gestuelle en dit long sur le tourbillon où se noient, en ce moment même, le chef du Polisario et les autres membres de la direction séparatiste. Une attitude qui l’a poussé à céder à une diatribe obsessionnelle et maladive contre le royaume du Maroc, qui n’a d’égale que son allégeance aveugle au «système» algérien, pourtant au bord du précipice ces derniers mois.
Ainsi, quand Brahim Ghali débute son laïus en demandant à un Etat vieux de douze siècles de respecter le «bon voisinage» avec un Etat qui n’existe même pas dans le crâne de ceux qui prétendent le revendiquer, cela relève d’une pathologie paranoïaque.
Et lorsqu'il a transformé la joie exprimée par l’ensemble des Marocains à l’issue de la victoire de leurs frères algériens lors de la dernière CAN d’Egypte en une victoire du Polisario sur le Maroc, parce qu’une poignée de nervis a tenté de gâcher la fête à Laâyoune, cette fois-ci, c'est la schizophrénie qui n’est pas loin.
Et quand il qualifie d’acte de guerre, et de violation du cessez-le-feu de 1991, le passage quotidien d’une noria de camions de marchandises à travers le poste frontalier maroco-mauritanien d’El Guerguerat, cela relève du pur délire.
Et quand, enfin, il assène, en répondant à une question sur les détournements avérés de l’aide internationale par les dirigeants du Polisario, que les «refugiés sahraouis sont les seuls au monde à gérer directement et de façon transparente l’aide qui leur est destinée», cela démontre avec éclat qu’il n’a tout simplement pas honte de mentir.
D’ailleurs le «mensonge» est un terme revenu en leitmotiv, qu’il n'a eu de cesse de répéter autant de fois qu’il a de poils dans sa moustache drue, un terme n’a jamais quitté sa bouche tout au long de la demi-heure qu’a duré cette interview.
In fine, Brahim Ghali, en homme au bagage culturel rudimentaire, a paru ignorer jusqu'à ce proverbe hassani, pourtant très répandu, qui dit que «l’homme est sous sa langue». Il aurait donc carrément mieux fait de la fermer.