On en sait un peu plus sur la manière dont les marchés publics étaient octroyés sous le règne vingtenaire de la fratrie Bouteflika. Et c’est l’ex- patron du Renseignement extérieur français et ancien ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, qui vient d’ouvrir encore une fois la boîte de Pandore algérienne.
Ainsi donc, celui qui était l'homme le plus informé de France révèle les dessous de la prédation qui a marqué au fer rouge les vingt ans de règne des Bouteflika, notamment le frère cadet de l’ex-président Abdelaziz, qui a rendu le tablier le 2 février 2019, après deux décennies de pillage systématique des richesses du pays.
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S’exprimant dans un documentaire de la chaîne franco-allemande Arte intitulé «Algérie: l’aube des promesses», l’ex-patron de l’espionnage français a révélé que Saïd Bouteflika, actuellement incarcéré à la prison militaire de Blida, «était appelé Monsieur 15 %».
Ce pourcentage serait une allusion faite aux rétrocommissions qu’il aurait touchées en contrepartie des faveurs accordées à certains oligarques algériens, à leur tête l’ex-patron du Forum algérien des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, à présent en prison à El Harrach, à Alger, aux côtés des frères Kouninef, réputés être des "protégés" de l'ex-président himself.
«Saïd Bouteflika a touché des rétrocommissions sur les marchés publics indûment octroyés à des oligarques actuellement emprisonnés », a asséné l'ex-numéro 1 du renseignement français, sans nommer toutefois les bénéficiaires de ces marchés octroyés ni fournir les détails des dessous-de-table devenus monnaie courante sous le règne de la fratrie Bouteflika, qui était totalement acquise aux «Copains et coquins»!
Pour rappel, l’ex-patron de la DGSE avait sorti en septembre 2018, un livre-choc où il avait révélé que «Bouteflika était maintenu artificiellement en vie», tout en consacrant une bonne partie de ce brûlot à cette légendaire jalousie antimarocaine du régime algérien, qui était «extrêmement sensible aux relations franco-marocaines».
«Lors de notre premier entretien, en décembre 2006, quelques jours après mon arrivée, je fis part au président Bouteflika, du message d’amitié, d’estime et d’affection» que le président Chirac m’avait chargé de lui transmettre. Cela ne lui suffisait manifestement pas: le président Chirac ne se cachait pas d’entretenir des relations quasiment familiales avec le roi du Maroc», avait expliqué l’ancien ambassadeur de France en Algérie.