Le Maroc doit-il demander l’autorisation à l’Algérie à chaque fois qu’il reçoit un officiel étranger? En tout cas, c’est ce que semble penser le président, d’un autre âge, du Conseil de la nation (Sénat) algérien.
Salah Goudjil, 91 ans, a en effet déclaré ce jeudi 25 novembre 2021, devant les conseillers algériens venus voter la loi de finances 2022, que «les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l'Algérie». Bien évidemment, le plus vieux parlementaire en exercice ne parle pas ici du pire ennemi de l’Algérie, à savoir la junte, mais de relations maroco-israéliennes, qui ne le concernent en rien.
Selon ce nonagénaire, qu’on a tiré de son lit de malade chronique pour la circonstance, «aujourd'hui, les choses sont claires avec la visite du ministre de la Défense de l'entité sioniste au Maroc, après celle effectuée par le ministre des Affaires étrangères de cette entité dans ce pays voisin. Ce dernier avait menacé l'Algérie à partir du Maroc et il n'y a eu aucune réaction du gouvernement marocain».
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En effet pour Goudjil, dont l’antisémitisme avéré lui interdit de prononcer le nom de l’Etat d’Israël, «dès lors qu'il s'agit de la visite du ministre de la Défense de l’entité sioniste au Maroc, c'est l'Algérie qui est visée». Et le fier représentant de l’appareil militaro-politique d’ajouter, comme si cela était l’objet de la visite de Benny Gantz au Maroc: «notre position reste inchangée concernant le Sahara occidental».
Le président du Sénat algérien n’a, en réalité, fait que répéter ce qui s’écrit depuis plusieurs jours dans les médias proches du régime politico-militaire algérien, qui ont tous clamé que «l’Algérie est visée» par «l’ennemi» marocain, depuis l’annonce de la visite du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, à Rabat.
Dans une déclaration au site Tout sur l'Algérie, un autre sénateur du FLN, Abdelouahab Benzaïm, a lui aussi qualifié le Maroc d’ennemi. «Nous sommes face à un ennemi qui se déclare comme tel. C’est sur cette base que nous devons nous comporter avec lui», a-t-il déclaré, préconisant dans la foulée l’interdiction d’accès des Marocains au territoire algérien.
Le vieux Goudjil semble particulièrement ulcéré par le peu de solidarité des pays arabes. «Où sont les frères, où est le monde arabe et où sont les frères palestiniens?», s’interroge-t-il dans un délire très instructif de la paranoïa aiguë du régime.
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Pour sa part, l’exécutif algérien reste encore tapi dans le mutisme le plus total. Ni le chef d’état-major de l’armée algérienne, Said Chengriha, ni le président et ministre de la Défense Abdelmadjid Tebboune, ni Ramtane Lamamra, leur ministre des Affaires étrangères, ne se sont exprimés sur ce sujet.
Mais ce n’est que partie remise. Car le pouvoir algérien, très contesté et honni à l’intérieur, et qui ne dispose pas de la moindre légitimité comme ne manqueront pas de le confirmer les élections locales de samedi prochain, va saisir l’occasion de la menace imaginaire du Maroc pour accentuer la répression contre le peuple algérien.