Décidément, l’arrogance de Karim Tazi n’a pas de limites! Après l’interdiction d’un concert du rappeur Mouad L7a9ed, devenu célèbre grâce à ses séjours à répétition en prison plus qu’à son flow décousu, le patron de Richbond s’est attaqué avec véhémence au pacha d’Aïn Sebaa, Mohamed Hanani. Un enregistrement vidéo parvenu à Le360 montre ce patron féodal se livrer à son exercice favori: jouer au donneur de leçons en matière de liberté et de démocratie.
De la teneur de cette conversation, on constate que Karim Tazi est dans le tort sur toute la ligne. D’abord, il admet lui-même que sa fondation «L’Uzine» agit en marge de la loi, sachant qu’elle n’a pas renouvelé ses statuts, comme devrait le faire toute ONG qui s’active sur le sol marocain. Avant de crier à la censure ou à la restriction des espaces de libertés, cet autoproclamé démocrate aurait mieux fait de se conformer à la réglementation en vigueur. L’Etat de droit n’est-il pas, après tout, le fondement même de toute démocratie?
Mais il semblerait que le sieur Tazi ne veut retenir des principes démocratiques que ce qui l’arrange. Exemple: il demande au pacha de lui délivrer une notification écrite de l’interdiction, alors que lui-même, via son association, n’a pas daigné présenter une demande formelle pour organiser sa manifestation. Et quand le pacha lui dit qu’il est prêt à lui notifier l’interdiction par écrit à condition que Tazi formule (également par écrit) une demande d’autorisation d’organiser le concert, il a répondu par une phrase qui défie le bon sens : hors de question pour lui de se conformer à la loi en adressant une demande aux autorités.
Le refus des autorités s’explique aussi par le fait que le lieu choisi pour ce concert ne répond pas, entre autres, aux normes de sécurité minimales permettant des rassemblements publics. Sauf que le patron de Richbond veut ériger en jurisprudence le cas du groupe Hoba Hoba qui, une semaine auparavant, s’est produit sur la même scène sans autorisation. Alors qu’en réalité, les autorités avaient juste été pris de court et ont décidé depuis de garder un œil sur ce qui se passe dans «L’Uzine» de Tazi où aucune manifestation ne se tiendra désormais sans se conformer aux règles en vigueur.
Karim Tazi pousse le bouchon encore plus loin quand il hausse le ton devant le représentant de l’autorité en lui demandant «d’appeler les gens qui ont pris cette décision d’interdiction». C’est que le patron capricieux prend ses fantasmes pour de la réalité: il veut voir le complot partout pour venir se donner le beau rôle, celui de démocrate, chantre défenseur des libertés d’expression et de création. Qui sont ces personnes auxquelles Tazi demande de se présenter ? Le législateur ? Le président de la Chambre des représentants ? Peut-être qu’on devrait faire une loi pour tous les Marocains et tailler à M. Tazi une autre loi sur mesure.
Karim Tazi, détenteur d’un passeport français (fait que ce «patriote» tient bien à garder secret), ne se serait jamais permis de mépriser la législation de la République et encore moins de parler au moindre fonctionnaire français de la manière dont il s’est comporté avec le pacha Hanani. Au Maroc, il se croit tout permis grâce à son statut familial et à ses connexions. Il va jusqu’à hurler contre les représentants de l’Etat, les engueulant comme s’il s’agissait de petits commis à son service et répétant à tue-tête que «le makhzen est hypocrite». D’ailleurs Tazi qui ne cesse de ressasser qu’il est un philanthrope qui agit de manière désintéressée pour venir en aide à son prochain, se trahit tout seul. A la fin de la conversation, il révèle que les actions insignifiantes qu’il a menées via ses associations lors de catastrophes naturelles ont été réalisées suite à la demande des autorités. Quid alors de cette image d’électron libre dont les actions caritatives ne sont dictées que par la volonté de bien faire? Après tout, ce «grand patron de gauche», comme il aime souvent se définir, n’est qu’un mégalomane qui cherche à se tailler un costume d’opposant… qui jure trop sur lui.