L’été promet d’être assez chaud dans les camps de Lahmada-Tindouf. Le front polisario en a en tout cas annoncé la couleur depuis lundi 17 juin, qui, ironie du sort!, coïncidait avec la célébration de la soi-disant «Journée du disparu»!
Première victime de ce qui a tout l’air d’une purge grandeur nature dans les rangs des opposants, l’activiste sahraoui Moulay Abba Bouzeid qui a été arrêté lundi 17 juin -et non mercredi 19, comme l’annonçait notre confrère espagnol El Païs-, à l’issue d’un sit-in observé devant les locaux du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), à Rabouni, pour réclamer la liberté d’expression et de mouvement.
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Pour précision, Moulay Abba Bouzeid est membre du mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement», créé en 2017 par d’anciens hauts responsables du front polisario, dont le frère de feu Ahmed Boukhari (ancien soi-disant représentant du polisario à l’ONU).
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Deuxième victime de cette «chasse aux dissidents», et il n’est pas des moindres. Il s’agit de Boua Da Mohammed Fadel Breïka, 51 ans, titulaire de la nationalité espagnole. Celui-là, également membre du mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement», a été arrêté mardi 18 juin, alors que la direction du polisario célébrait la soi-disant «Journée du disparu»!
Selon le mouvement opposé «Initiative sahraouie pour le changement», ses deux membres seraient en détention dans la prison de Rabouni.
Les familles de ces deux détenus d’opinion restent jusqu’ici sans nouvelles sur leur sort, la direction de Rabonni n’ayant pas daigné se prononcer sur ces détentions ni même en expliquer le motif.
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Pire encore, cette direction tentée par l’envie d’installer un climat de peur dans les rangs des opposants en a rajouté en opérant une troisième arrestation, hier mercredi 19 juin.
La victime n’est autre que le jeune blogueur dénommé Mahmoud Zeidane, connu pour ces critiques acerbes postés via sa page Facebook envers la mafia de Rabouni, notamment sur le registre précis de la corruption des cadres séparatistes qui continuent d’instrumentaliser le conflit du Sahara à des fins d’enrichissement illicite au détriment d’une population en proie à l’incurie et à l’humiliation depuis maintenant 44 ans!
L’ambassade d’Espagne à Alger appelée à la rescousse…Le mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement» (ISC), dont deux membres sont incarcérés, a envoyé une lettre à l’ambassade d’Espagne en Algérie à travers laquelle elle dénonce «une campagne d’arrestations» et réclame une intervention urgente de la part des autorités espagnoles «pour s’enquérir de l’état des détenus et les motifs derrière de telles détentions arbitraires».
Dans cette lettre, l’ISC précise que ces arrestations ont eu lieu sans intervention judiciaire et sans que les familles des détenus soient informés. «Officieusement, on a appris que les accusations portées contre les détenus concernent leurs critiques dans les réseaux sociaux à l’encontre de la gestion de certains dirigeants du front polisario», a indiqué l’ISC dans une autre lettre à l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Aucune réaction à ces plaintes n’a jusqu’ici été manifestée par l’ONG américaine de défense des droits de l’Homme, pas plus d’ailleurs que par les autres influentes ONG internationales de défense des droits de l’Homme, telle Amnesty International, pourtant promptes à dégainer dès qu’il s’agit de la moindre interpellation dans les provinces sahariennes marocaines, fût-ce à l’encontre d’un délinquant de droit commun!
Il faut noter que le mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement» était resté épargné depuis sa création en 2017 par le front séparatiste du polisario.
La campagne initiée aujourd’hui à l’encontre de ce mouvement en dit long sur la débandade de la direction de Rabouni, visiblement très affectée par la débâcle de son allié algérien, dans le viseur d’une révolution populaire inédite depuis le 22 février dernier.
Une débandade que vient confirmer, en interne, ce climat pré-révolutionnaire dans les camps de Lahmada et, à l’international, cette avalanche de désaveux infligés par de nombreux pays latino-américains, dont le dernier en date est la «rupture des relations diplomatiques avec la rasd» décidée par le nouveau gouvernement du Salvador, pas plus tard que samedi 15 juin dernier.