«Il est impossible d’interdire TikTok et Facebook» au Maroc, a déclaré lundi dernier le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, devant les députés de la Chambre des représentants. Dans son édition du mercredi 16 mai, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que Ouahbi a expliqué que «la décision de suspendre TikTok ne dépendait pas à 100% des autorités marocaines, car ce réseau social est quasiment un Etat, brassant des sommes d’argent colossales».
Il est vrai que TIkTok et les autres réseaux sociaux ont diffusé plus d’un demi-milliard de deepfakes (ou vidéos truquées) à travers le monde et pour la seule année 2023. Mais, face à cette avalanche de désinformation, le Maroc a activé certaines parades, aussi bien techniques que judiciaires à travers des poursuites contre les contrevenants.
Malgré ces «filets de protection», Ouahbi a reconnu que «les téléphones des Marocains continuaient à recevoir un flot de vidéos truquées», car «il est difficile, selon lui, d’endiguer totalement Facebook et TikTok». Derrière ces réseaux, a-t-il ajouté, «on trouve des puissances mondiales, des économies ultradéveloppées et des intérêts capitalistes portés par la vague publicitaire qui se chiffre en milliers de milliards de dollars». Le Maroc ne peut donc interdire du jour au lendemain les réseaux sociaux, malgré leur face néfaste, car il y a des «contraintes et des engagements» internationaux que le Royaume doit respecter.
Ces précisions du ministre de la Justice interviennent suite à son interpellation par des députés de l’Istiqlal et du RNI quant aux dangers et effets pervers de TikTok sur la société marocaine, tant ce réseau social ignore toutes les limites déontologiques de la liberté d’expression.
Pour sa part, Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, a déclaré que son département était sur le pied de guerre pour contenir ce qu’il a qualifié de «dérapages» enregistrés de temps à autre sur certains réseaux sociaux.
Des campagnes de sensibilisation et d’éducation au bon usage des réseaux sociaux sont menées, selon lui, auprès des étudiants en journalisme et autres écoles et instituts publics, d’autant que TikTok dispose à lui seul de 12,5 millions d’utilisateurs au Maroc.
Il a aussi affirmé que le gouvernement planche actuellement sur une éventuelle législation encadrant l’utilisation des réseaux sociaux, en collaboration avec les pays et sociétés propriétaires de ces plateformes, en vue de trouver des parades contre la désinformation et autres contenus politiquement, moralement et socialement indésirables.