La salle d’audience du tribunal administratif de Casablanca sera le théâtre, dans quelques jours, d’une nouvelle étape dans un feuilleton politico-judiciaire qui secoue la province de Benslimane. Saisi par le gouverneur de la province, le tribunal examinera deux requêtes distinctes visant la destitution de Chaimae Zaid, actuelle présidente de la commune d’Ahlef, et de Alimi Khrichfa, son prédécesseur devenu conseiller au même Conseil, informe le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 4 août.
À l’origine de cette procédure, plusieurs rapports accablants de l’Inspection générale de l’administration territoriale et de la Cour régionale des comptes, corroborés par des enquêtes de la Brigade nationale de la police judiciaire. Parmi les griefs relevés: des dépenses douteuses, des marchés non conformes et l’utilisation abusive de fonds publics.
La plainte déposée par l’actuelle présidente contre l’ancien président évoque notamment l’utilisation d’un budget de 900.000 dirhams pour la réfection d’une piste de 6 km, dont une partie traverse une commune voisine… sans respecter ni les normes techniques ni les procédures de passation de marché. Un autre crédit d’un million de dirhams, validé par le gouverneur pour réhabiliter un tronçon routier, n’aurait existé que sur le papier, hormis une portion de 3 km.
Les dérives concernent aussi les budgets affectés au carburant et aux lubrifiants pour un montant global dépassant 2,5 millions de dirhams entre 2020 et 2021, période pourtant marquée par l’arrêt des activités en raison de la pandémie. Pire encore, souligne Al Akhbar, ces bons de carburant étaient signés par le fils de l’ancien président, bien qu’aucun lien officiel ne le rattache à la commune.
La plainte met également en cause l’ex-président pour s’être approprié des équipements publics: du matériel en métal abandonné par une entreprise de distribution d’eau potable et, plus grave encore, une pompe électrique d’un puits vital pour l’alimentation en eau potable du centre communal, de l’école et du dispensaire. Cette action aurait privé la population d’eau pendant l’été.
Mais l’actuelle présidente n’est pas épargnée non plus. Elle est soupçonnée d’avoir accordé indûment une autorisation d’occupation temporaire d’un domaine public à une entreprise de BTP, dans le cadre de travaux routiers, entraînant la destruction de onze puits sur une zone de près de deux hectares, sans verser les redevances dues.
D’autres accusations planent: bons de commande fictifs pour la location de camions privés, dépenses injustifiées pour l’achat d’équipements techniques et de pièces détachées, et détournements de bons de carburant au profit de tiers sans aucun lien avec la commune, pour un préjudice estimé à plus de 350.000 dirhams en trois mois seulement.







