Souvenez-vous: le 11 novembre 2015, Amar Saâdani, interrogé sur le conflit du Sahara par un journaliste d’Ennahar.TV, avait affirmé «avoir quelque chose à dire à ce sujet» et que "s’il le disait, il risquait d’entraîner le pays dans une autre voie».
Rappelez-vous encore que le propos de M. Saâdani, alors SG du FLN, avait été tenu à la veille de l’un des plus forts discours du Roi Mohammed VI, prononcé très symboliquement à partir de Laâyoune, et où le Souverain, en plus de la réaffirmation des droits inaliénables du Royaume sur son Sahara, avait annoncé (excusez du peu!) des investissements de l'ordre de 77 milliards de dirhams pour les provinces sahariennes marocaines.
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Ce choix civilisé d’investir dans le bien-être de la population du sud marocain n’était évidemment pas pour plaire aux sirènes bélantes du séparatisme, terrées à Rabouni, pas plus d’ailleurs qu’à Alger, où des apparatchiks biberonnés à la haine de «l’ennemi Maroc» avaient rué dans les brancards tantôt pour tenter de discréditer ce qui s’apparentait à un «Plan Marshal» pour le développement du Sahara et tantôt pour attaquer, parfois en termes injurieux, Amar Saâdani, qui finira par rendre le tablier, un an plus tard, précisément un certain samedi 22 octobre 2016.
Quatre années se sont écoulées depuis que le sérieux Amar Saâdani avait affirmé «avoir quelque chose à dire au sujet du Sahara». Chose promise, chose due. Pas plus tard qu'hier jeudi 17 octobre 2019, et donc au lendemain du 44ème anniversaire de l’annonce de la Marche verte par feu le roi Hassan II, revoilà Amar Saâdani honorer sa promesse et crever l’abcès en déclarant solennellement, dans une interview exclusive à notre confrère «TSA» (Tout sur l’Algérie), que «le Sahara est marocain et rien d’autre»; que «l’Algérie a versé pendant cinquante ans des sommes faramineuses à ce qui est appelé le Polisario et cette organisation n’a rien fait et n’est pas parvenue à sortir de l’impasse»; que «l’argent versé au Polisario, avec lequel ses membres se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe, doit revenir à Souk Ahras, El Bayadh, Tamanrassset et autres villes».
«C’est mon avis, même s’il doit déplaire à certains», a-t-il conclu, conscient qu’il est du caractère inédit, voire «dangereux», de ses propos dans un pays tenu en laisse par un régime qui, toutes proportions gardées, a fait de l’hostilité anti-marocaine, le principal sujet de sa politique extérieure, voire intérieure, via cette tentative hystérique, de surcroît malveillante, de seriner jusque dans la tête des élèves, cette théorie farfelue selon laquelle le Maroc serait un «ennemi» de l’Algérie et non ce voisin lié à leur pays par une forte communauté d’histoire et d’avenir, sans oublier les liens de sang, l’unité de la langue, de la culture, de la religion…
Décryptons: le propos d’Amar Saâdani est politiquement audacieux, de par la singularité de son contexte (manifestations anti-régime en Algérie), la singularité de son timing (la Marche verte, Rapport du SG de l’ONU, Antonio Guterres, début des consultations au sein du Conseil de sécurité, etc).
Elle résonne toutefois comme un juste retour des choses…
En un mot, Amar Saâdani a dit haut ce que l’establishment algérien pense tout bas. Il a ainsi le mérite de la clarté et du courage.
Maintenant, la sortie de M. Saâdani va-t-elle, finalement, faire bouger les lignes en Algérie et accessoirement à Lahmada-Tindouf où le front du Mal, nommé polisario, poursuit la rétention de la population sahraouie, ou plus encore du côté de l’East River, où siègent l’ONU et le Conseil de sécurité… ?
Pour conclure, disons avec Georges Bernanos, que "l'espoir est un risque à courir"!