Scandale à Al Omrane: Terrains à prix sacrifiés pour hauts responsables

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Revue de presseKiosque 360. Un terrain destiné à un lotissement a changé en trois ans de finalité au profit de hauts dirigeants au sein d’Al Omrane et d’un ex-ministre chargé des MRE. Une autre affaire qui vient éclabousser l’entreprise publique.

Le 22/04/2015 à 07h43

Comment des fonctionnaires d’Al Omrane ont-ils été juges et parties dans l’amicale Echourouk Lil Iskane pilotant un projet de villas à Harhoura? Comment ces mêmes personnes ont-elles bénéficié à prix réduit de lots de terrain réservés à un lotissement pour en faire un complexe touristique composé de villas et d’espaces verts, puis en lots de villas? Enfin, comment cette terre a-t-elle été détournée au profit de neuf dirigeants au sein d’Al Omrane et d’un ex-ministre chargé des MRE? Des questions que soulève Akhbar Al Yaoum qui rapporte cette affaire dans son édition du 22 avril.

Tout commence le 13 juin 2006, en pleine période estivale où l’attention se relâche. Ce jour-là, A.Y, président de l’Amicale echourouk lil iskane, créée en 2006 par neuf dirigeants de l’ERAC Nord-Ouest, a écrit au directeur de l’OST, avant la fusion dans le cadre d’Al Omrane, pour demander la cession d’un premier terrain destiné à améliorer les conditions de logement des cadres de cet OST. L’accord ne tarde pas et, deux semaines plus tard, le feu vert est accordé avec une promesse d’aide pour l’obtention d’une dérogation. Cinq jours après, le directeur de l’Amicale revient à la charge en demandant l’achat d’un autre terrain pour «faire bénéficier le plus grand nombre».

Pour obtenir la dérogation et transformer le lotissement prévu initialement en lots de villas pour ses membres, le directeur de l’ERAC concerné saisit le ministre de tutelle, Toufiq Hejira, trois ans avant la cession du terrain, explique Akhbar Al Yaoum! Une demande approuvée, là aussi en quinze jours, sous condition que seuls les fonctionnaires d’Al Omrane ou du département puissent bénéficier de ces logements. L’Agence urbaine de Rabat entérinera par la suite le changement de la teneur du projet. Une fois la dérogation obtenue, il restait à déterminer le prix. Seulement, la Commission chargée de fixer le prix de cession à l’Amicale au sein d’Al Omrane comptait parmi ses membres trois responsables... de l’amicale: Le conflit d’intérêt est flagrant et le prix de vente n’a pas dépassé les 193,19 DH le mètre.

La réactivité du patron de l’ERAC et d'une bonne partie des personnes ayant accordé les autorisations se justifierait, selon Akhbar Al Yaoum, par le fait qu’ils ont été eux-mêmes parmi les principaux bénéficiaires de ces villas à prix bradés. Interpellé sur cette opération par nos confrères, A. Y, président de l’Amicale, s’est contenté de ressasser que «tout a été réalisé dans le respect des procédures légales ». Ébruitée par le dernier rapport de la Cour des comptes, cette affaire risque d’enfoncer encore plus Al Omrane, déjà mis à mal par le récent scandale de Tamesna.

Par Amine Haddadi
Le 22/04/2015 à 07h43