Sahara marocain: le Kenya réoriente sa boussole

Musalia Mudavadi, Premier ministre, chef de la diplomatie du Kenya, et Nacer Bourita, ministre des Affaires étrangères, inaugurant l'ambassade du Kenya à Rabat le 26 mai 2025 (Y.Manna/Le360).

Musalia Mudavadi, Premier ministre, chef de la diplomatie du Kenya, et Nacer Bourita, ministre des Affaires étrangères, inaugurant l'ambassade du Kenya à Rabat le 26 mai 2025 (Y.Manna/Le360).

Revue de presseD’un État qui fut parmi les premiers soutiens du Polisario et défenseur de son projet séparatiste, le Kenya est devenu un pays qui soutient explicitement et pleinement le Plan d’autonomie marocain. Un tournant majeur en Afrique. Une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 28/05/2025 à 20h33

La diplomatie marocaine marque un tournant majeur dans le dossier du Sahara, cette fois-ci depuis le cœur de l’Afrique de l’Est. Le Kenya vient d’adopter une position claire et sans ambiguïté, constituant un réajustement décisif de la boussole géopolitique du continent.

«Après des décennies à se laisser entraîner par des thèses trompeuses, Nairobi est sortie de la zone grise et décide de se ranger du côté de la légitimité et du réalisme», écrit le quotidien Al Akhbar dans une chronique publiée dans son édition du jeudi 29 mai.

Le Kenya, poursuit le chroniqueur, «ce pays pivot de l’Afrique de l’Est, a définitivement fermé la porte à l’une des plus grandes chimères politiques ayant affligé le continent pendant des décennies, à savoir la prétendue “République sahraouie”».

Ce que le Kenya a accompli ne peut être considéré comme une simple posture diplomatique passagère, «mais comme un moment charnière reflétant une transformation profonde dans la perception des réalités et une prise de conscience croissante que les illusions séparatistes ne trompent plus ni les peuples ni les États influents», souligne le chroniqueur. Le Kenya a donc rectifié le cap et ouvert une nouvelle page en phase avec la logique de la souveraineté et le respect de l’intégrité territoriale des États.

La visite du Premier ministre kenyan au Royaume, l’accueil remarquable qui lui a été réservé par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, puis l’inauguration officielle de l’ambassade du Kenya à Rabat, «ont constitué une déclaration souveraine explicite de Nairobi. Le Kenya n’est plus neutre, il a clairement choisi de se ranger aux côtés du Maroc et de son intégrité territoriale», relève le quotidien.

Pendant quelques années, depuis l’élection de William Ruto, la décision kényane s’est forgée en silence, loin des projecteurs, jusqu’à l’annonce claire depuis Rabat. «Ce qui reflète une maturité politique et une compréhension profonde des transformations régionales et internationales. Aujourd’hui, le Kenya proclame haut et fort que l’initiative marocaine d’autonomie est la seule solution réaliste et durable pour la question du Sahara», écrit le chroniqueur.

Il s’agit là d’une victoire diplomatique pour le Maroc, obtenue non par la force ou la coercition, «mais par la logique du partenariat et de la crédibilité, grâce à un travail acharné dont les bases ont été posées par Sa Majesté Mohammed VI, qui a fait de l’Afrique une priorité de la politique étrangère du Royaume», observe-t-il.

Après un long processus, le Kenya a finalement opté pour la légitimité, se libérant publiquement du cercle de désinformation dans lequel l’Algérie et son proxy, le Polisario, l’avaient enfermé pendant des décennies. La mascarade est terminée et le voile est tombé.

Cette démarche s’inscrit d’ailleurs, note le quotidien, dans une série de positions similaires adoptées par d’autres pays africains. Aujourd’hui, «en rejoignant le camp des amis sincères du Maroc, le Kenya envoie un double message: il n’y a plus de place pour une neutralité ambiguë ni pour le jeu d’équilibriste. C’est soit le réalisme et la légitimité, soit l’isolement et la contradiction», ajoute le chroniqueur.

«Ce changement de position de Nairobi constitue un tournant décisif dans la cartographie diplomatique africaine et un coup dur pour la thèse séparatiste», estime Al Akhbar. D’un des premiers soutiens du Polisario et fervent défenseur de ses thèses, c’est à Nairobi que la RASD a été admise à l’OUA en 1983, le Kenya est devenu un pays qui soutient explicitement et pleinement l’initiative d’autonomie marocaine.

«C’est un véritable renversement de position, dont l’écho résonne à travers le continent. L’annonce de Nairobi reflète l’érosion du soutien restant au Polisario en Afrique et ouvre la voie à une nouvelle phase qui pourrait conduire à l’exclusion de cette entité fictive de l’Union africaine», poursuit le quotidien.

Partant de là, la position kenyane renforce la stature du Maroc sur la scène continentale et internationale, d’autant que son initiative d’autonomie bénéficie déjà d’un soutien solide de grandes puissances comme les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Espagne, ainsi que d’un appui croissant de pays arabes et africains.

Étant donné le poids stratégique du Kenya sur le continent, son ralliement au Maroc aura sans doute des répercussions. «Ce sera un point de bascule qui inspirera d’autres nations à se libérer de l’influence algérienne et à soutenir le projet d’autonomie, accélérant ainsi la résolution de ce conflit artificiel», souligne le chroniqueur.

Maintenant, il est fort à espérer que le Kenya utilisera désormais son influence régionale pour défendre la cause marocaine avec la même vigueur qu’il a mise à s’y opposer par le passé. «Il est même certain que sa présence aux côtés du Maroc aura un impact encore plus significatif et efficace».

Par Amyne Asmlal
Le 28/05/2025 à 20h33