Un mois après la déclaration de la MAE sud-africaine, Lindiwe Sisulu, où elle annoncé la volonté de Pretoria de mettre à profit son entrée au Conseil de sécurité qui a pris effet le 1er janvier 2019, pour agir dans le sens de "l'indépendance du Sahara occidental", c'est au tour du président Cyril Ramaphosa de confirmer cette ligne résolument hostile à l'intégrité territoriale du Maroc.
Devant plusieurs dizaines de milliers de partisans massés dans un stade de Durban (nord-est), parés des couleurs verte et jaune du Congrès national africain (ANC), à l'occasion du 107e anniversaire de la création de ce parti (au pouvoir depuis la fin du régime de l'Apartheid, en février 1991), Cyril Ramaphosa a en effet promis un "fort soutien" au front séparatiste du Polisario, aussi bien à l'ONU qu'à l'Union africaine.
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"La lutte du peuple sahraoui pour la liberté et l'indépendance est notre lutte", a-t-il ainsi déclaré. "À l'ANC, nous continuerons à nous battre aux côtés du Front Polisario pour permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination, à la liberté et à l'indépendance", a-t-il ajouté.
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La position de Cyril Ramaphosa s'inscrit à contresens de la volonté de normalisation des relations bilatérales exprimée à très haut niveau par le roi Mohammed VI et le prédécesseur de l'actuel président sud-africain, Jacob Zuma, fin novembre 2017, en marge du Sommet UA-UE. Lors de cet entretien, les deux chefs d'Etat avaient convenu d'"établir un partenariat économique et politique qui permettra de renforcer les liens entre les deux nations, à tous les niveaux". Sur le plan diplomatique, le roi Mohammed VI et le président Zuma avaient décidé de désigner des ambassadeurs de haut niveau à Rabat et à Pretoria. Une décision qui a été traduite, côté marocain, par la désignation du très expérimenté Youssef Amrani en tant qu'ambassadeur du royaume du Maroc à Pretoria.
La sortie du successeur de Zuma, également chef de l'ANC, résonne ainsi comme un reniement de cet engagement en faveur de cette coopération, pourtant appelée des voeux des deux peuples marocain et sud-africain. Elle intervient à quatre mois des législatives sud-africaines, prévue en mai prochain, véritable test pour la popularité d'un ANC miné par les scandales de corruption. Elle sonne ainsi comme une tentative de diversion par rapport aux vrais défis auxquels est confronté ce pays, à leur tête la pauvreté, le chômage et le clientélisme.
L'évocation de la "cause sahraouie" dans un discours pré-électoral revient à contourner ainsi le vrai débat sur les questions qui préoccupent le peuple sud-africain.