Pour les conseillers, membres de la deuxième Chambre du Parlement, c’est le jackpot. Les 120 «sénateurs» en activité et ceux à la retraite vont se partager entre eux la coquette somme de 130 millions de dirhams. Ils vont finalement pouvoir récupérer les fonds de leur caisse de retraite dans leur intégralité.
En effet, les deux propositions de loi relatives à la liquidation des régimes de retraite des membres des deux Chambres du Parlement viennent de recevoir le feu vert de la Cour constitutionnelle, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 15 avril. Ce qui, d’après le journal, ouvre la voie aux parlementaires à se partager les réserves des deux caisses.
Mais, explique le quotidien, ce sont les conseillers qui raflent littéralement la mise pour la simple raison que leur régime est encore solvable jusqu’en 2022, alors que le régime de retraite des députés est en cessation de paiement depuis 2017. Depuis cette date, aucun ancien député n’a plus perçu sa pension de retraite de parlementaire, précise encore Assabah.
Les députés, poursuit le quotidien, ont bien tenté de sauver leur système de retraite exerçant toutes sortes de pressions sur le chef du gouvernement pour le pousser à renflouer ses caisses. Pour ce faire, le gouvernement devait y injecter pas moins de 100 millions de dirhams. Ce qu'El Othmani a refusé de faire, avec cet argument: l’Exécutif n’est pas responsable de la faillite du régime de retraite des parlementaires.
Il faut dire, souligne le quotidien, que la gestion des deux caisses de retraite a connu des aberrations qui ont d’ailleurs été relevées par les médias il y a une quinzaine d'années, et par des influenceurs sur les réseaux sociaux, tout récemment. Certains élus ayant fait des allers-retours entre les deux Chambres, ont ainsi pu cumuler pendant des années les indemnités versées par l’une des deux Chambres, en même temps que la pension versée par le régime de retraite de l’autre. Plus récemment, et c'est de notoriété publique, certains ministres ont pu, eux aussi, cumuler leur salaire de membre de gouvernement et leur pension d’ancien parlementaire.
Mais à présent que la liquidation des deux caisses de retraite est légalement presque actée -reste encore le vote à la première Chambre de la proposition de loi relative au régime de retraite des conseillers- les parlementaires s’apprêtent à recevoir de gros chèques.
Pour les députés, ils vont se partager les fonds résiduels au prorata sur une base de leur cotisation mensuelle, soit 2.900 dirhams, portée au nombre d’années de leurs mandats. Les conseillers eux, seront plus chanceux. Ils récupèrent leur mise dans son intégralité, soit 2.900 dirhams multipliés par le nombre d’années passées à la Chambre, la cotisation de l’Etat, soit le même montant, et, en bonus, le produit des placements des réserves de la caisse par la gestionnaire de leur régime de retraite.
Notons à ce propos que même si les produits des placements financiers sont considérés selon le référentiel islamiste comme «illicites», cela ne semble en rien gêner les conseillers islamistes du PJD.