À l’approche des élections législatives de 2026, la question de la participation des Marocains résidant à l’étranger (MRE) refait surface dans les consultations entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques. Comme à chaque échéance électorale, les formations politiques et les associations de la diaspora appellent à une meilleure représentation des MRE au sein de la Chambre des représentants. Mais malgré des revendications répétées depuis plus d’une décennie, aucun progrès concret n’a encore été enregistré, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 5 septembre.
Le Parti de la justice et du développement (PJD), dans une note adressée au ministère de l’Intérieur, plaide pour une implication «réelle et effective» de la diaspora, aussi bien dans le droit de vote que dans l’éligibilité, lit-on. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, avait rappelé de son côté que la législation marocaine, en vertu de la Constitution de 2011, reconnaît déjà aux Marocains de l’étranger le droit de s’inscrire sur les listes électorales, de voter et de se porter candidats dans toutes les élections nationales.
Cependant, la réalité est tout autre. Dans sa note, le PJD relève que la participation des MRE est restée très limitée lors des précédentes échéances, en raison notamment de l’inefficacité du vote par procuration et de l’absence de mise en œuvre du droit de candidature. Le parti propose donc l’instauration du vote direct dans les pays de résidence, sous supervision des représentants des partis, et en s’inspirant de l’expérience du référendum constitutionnel de 2011, lorsque les MRE avaient pu voter directement depuis l’étranger.
Au-delà du vote, le PJD propose également de réserver des sièges spécifiques aux Marocains du monde, en créant une «troisième liste» électorale qui leur serait exclusivement dédiée. Cela permettrait de donner une voix parlementaire aux plus de trois millions de citoyens établis hors du Royaume, souligne Al Ahdath Al Maghribia.
Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) défend une position similaire. Sa proposition va même plus loin, en suggérant la création de circonscriptions électorales adaptées à la répartition géographique des MRE, ainsi que la mise en place du vote électronique anticipé. Le PPS propose aussi que les consulats marocains soient utilisés comme points d’inscription, de vote et de dépouillement.
Cette idée n’est pas nouvelle. En 2021 déjà, au moment de la préparation du Code électoral, le scénario d’une augmentation du nombre de députés pour inclure une liste spécifique aux MRE avait été sérieusement discuté. Selon des sources parlementaires citées par le quotidien, il était question de porter le nombre de sièges de la Chambre des représentants de 395 à 425, avec 30 sièges supplémentaires pour les Marocains de l’étranger et les cadres. Finalement, cette option n’avait pas été retenue.
Aujourd’hui encore, cette question reste au cœur des tractations. Si la Constitution ne fixe pas de limite au nombre de députés, contrairement à la Chambre des conseillers, une réforme en ce sens reste hautement politique. La suppression de la liste des jeunes en 2021, remplacée par une liste nationale des femmes (90 sièges), continue de susciter des débats. Plusieurs voix estiment que cette liste n’a pas atteint ses objectifs, en raison notamment du parachutage de profils proches des directions partisanes, sans véritable renouvellement, lit-on encore.
Pour autant, il paraît improbable que la liste des femmes soit remise en cause, le Maroc étant engagé au niveau international sur la promotion de l’égalité et de la parité dans les institutions élues. Mais les consultations pré-électorales pourraient aboutir à l’introduction de mécanismes nouveaux, visant à renforcer la valeur ajoutée du Parlement. Parmi eux, l’intégration des compétences issues de la diaspora apparaît comme une piste de plus en plus incontournable.
La Fédération de la gauche démocratique (FGD) soutient cette idée, en plaidant pour des circonscriptions propres aux MRE, une représentation parlementaire adaptée à leur présence dans les différentes régions du monde et l’ouverture de la candidature à l’ensemble des Marocains résidant à l’étranger.
Depuis plus de dix ans, les associations de MRE dénoncent leur absence de représentation directe dans les institutions marocaines. Pour elles, il est incompréhensible qu’une communauté forte de plusieurs millions de personnes, qui contribue largement au développement économique du pays à travers les transferts financiers et les investissements, reste privée d’une voix au Parlement.








