Comme l’avait prévu les actrices de la société civile dès le début des discussions sur la réforme de la Moudawana, le PJD a sorti les griffes en se focalisant sur l’égalité homme-femme en matière d’héritage. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 3 mars, que les défenseurs des droits de la femme avaient mis en garde contre la transformation du débat, par les islamistes, en polémiques doctrinales et idéologiques. En effet, au terme des travaux de la réunion extraordinaire de son secrétariat général, le PJD a publié un communiqué très critique où il rappelle ses précédentes positions sur l’adoption de la réforme de la Moudawana en 2004 après l’arbitrage royal.
Le parti islamiste considère la revendication de l’égalité en matière d’héritage comme une «grave nouveauté qui va à l’encontre des convictions de la société marocaine musulmane et de ses véritables attentes. En plus d’être rejetées par la société, ces revendications ébranleront la structure familiale et affaibliront l’un des piliers de la paix sociale et familiale. Bien plus, les réformes proposées constituent une menace pour la stabilité du pays, liée à l’héritage qui perdure dans la société marocaine depuis plus de 12 siècles».
Selon le quotidien, le mouvement féministe considère le communiqué du PJD comme une «entrave au débat et une atteinte à la liberté d’opinion et de discussion. D’autant plus que ce débat a lieu après le discours royal qui appelle à la réforme de la Moudawana et à l’amélioration de ses dispositions». Du coup, les acteurs de la société civile ont rejeté cette forme d’intimidation, appelant les islamistes à faire preuve de rationalité et d’«ijtihad» dans un climat démocratique permettant d’élaborer des dispositions innovantes au service de l’intérêt général et de celui la famille marocaine.