Réalignement géopolitique Rabat-Moscou: vers une reconnaissance explicite du Sahara marocain

Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue russe, Sergueï Lavrov, le 20 décembre 2023, à Marrakech.

Revue de presseÀ la faveur d’un entretien téléphonique entre leurs ministres des Affaires étrangères, le Royaume et la Russie approfondissent leur partenariat stratégique. Une série de décisions et de positions diplomatiques récentes de Moscou, analysées comme autant de signaux forts, semblent indiquer un rapprochement notable avec Rabat, et une évolution imminente dans sa position concernant la question du Sahara marocain, au grand dam de l’Algérie. Cet article, est tiré d’une revue de presse, issue du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 10/09/2025 à 18h22

Ce mardi 9 septembre, une conversation téléphonique a eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue russe, Sergueï Lavrov.

Cet entretien, a été l’occasion de consolider le dialogue politique bilatéral et d’assurer le suivi du partenariat stratégique approfondi liant les deux nations depuis 2016, tout en évoquant des questions régionales et internationales d’intérêt commun.

L’évolution de la position russe concernant la marocanité du Sahara apparaît de plus en plus tangible, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 11 septembre.

Cette reconnaissance, d’abord économique, se manifeste par la signature d’un accord de pêche entre Moscou et Rabat, incluant explicitement les côtes des provinces du sud du Royaume.

Le Royaume nourrit l’ambition légitime que cette forme de reconnaissance économique se mue en une adhésion politique formelle, à l’image de celles déjà consenties par d’autres membres permanents du conseil de sécurité, tels que les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

Plusieurs indicateurs diplomatiques de la Russie laissent présager que cette évolution est imminente.

En octobre 2024, lors du vote sur la résolution n° 2756 du conseil de sécurité, la Russie a rejeté la proposition algérienne visant à élargir le mandat de la MINURSO au monitoring des droits de l’homme, s’alignant ainsi sur les positions de la France et des États-Unis et marquant une dissonance significative avec Alger.

Un autre signal fort fut émis lors du Forum économique Russie-Afrique à Sotchi, où Moscou a déclaré persona non grata le front Polisario, malgré les pressions de son parrain algérien.

La Fédération de Russie a réitéré à cette occasion sa doctrine constante de ne reconnaître aucune entité non membre de l’ONU, infligeant un camouflet au régime algérien et provoquant un refroidissement palpable dans leurs relations historiques.

Parallèlement, la coopération économique entre le Royaume et la Russie se renforce structurellement. L’accord de pêche bilatéral, dont l’échéance initiale était en septembre, a été prorogé jusqu’à fin 2024.

Des négociations sont en cours pour son renouvellement à long terme, jusqu’en 2028, incluant de nouveau les provinces du Sud.

L’Agence fédérale russe de pêche a confirmé que l’avant-projet était finalisé et soumis au gouvernement russe pour signature.

Ce réchauffement marocco-russe contraste avec l’instabilité croissante des relations entre Moscou et son allié de longue date, l’Algérie.

Cette tension s’est illustrée par des critiques inédites d’Alger envers le groupe Wagner russe à l’ONU, suite aux attaques de l’armée malienne contre les séparatistes de l’Azawad près de la frontière algérienne.

Le dossier de l’adhésion aux BRICS a constitué un autre contentieux, la Russie ayant soutenu la décision des membres du groupe de rejeter la candidature algérienne, un revers perçu comme une humiliation par Alger qui comptait pourtant sur son soutien, relaie Al Ahdath Al Maghribia.

Face à ce réalignement, la Russie poursuit méthodiquement le renforcement de ses liens avec le Royaume.

Outre l’accord de pêche, le conseiller du président russe a révélé, en novembre 2024, un projet ambitieux de création de zones franches avec plusieurs pays africains et arabes, au premier rang desquels figure le Royaume, confirmant la nouvelle dynamique privilégiée entre Rabat et Moscou.

Par Hassan Benadad
Le 10/09/2025 à 18h22