Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des Libertés, n’en démord pas. La rupture du jeûne, sauf motif valable, ainsi que les relations sexuelles hors mariage ne seront jamais tolérées. C’est en substance la teneur de ses propos lors de la conférence nationale sur les nouveautés du projet du code pénal, organisée lundi dernier à Rabat. Ses déclarations ont été largement reprises par la presse nationale. Tout d’abord, Al Ahdath Al Maghribia, soulige que le ministre a tracé ces deux lignes rouges qu’aucun Marocain ne doit franchir. Mustapha Ramid a déclaré que «nous ne pouvons pas tolérer ce qui peut toucher l’essence de notre ordre public basé sur les bonnes mœurs». Le ministre a manifesté sa bonne volonté en disant qu’il prendra en compte les différentes suggestions, corrections et alternatives utiles qui lui seront soumises.
En ce qui concerne l’avortement, le ministre a annoncé qu’une série de propositions ont été soumises au roi Mohammed VI pour arbitrage. Rappelons que le souverain a ordonné l’ouverture de larges consultations à ce propos à la mi-mars. S’agissant de la peine de mort, Ramid a affirmé que le projet a réduit de façon considérable les cas où il sera recouru à la peine capitale.
Assabah a également consacré une oreillette de sa Une au même sujet en titrant «Ramid : nous ne décriminaliserons pas le sexe hors mariage». Le journal reprend les propos de Ramid pour expliquer cette position. «L’accueil et l’engouement que nous exprimons de gaieté de cœur, ne peuvent être récompensés par une atteinte aux bonnes mœurs comme le fait d’accepter la dépénalisation des relations sexuelles entre un homme et une femme, qui ne sont pas unis par un lien légitime, ou la rupture solennelle du jeûne dans un endroit public ou encore d’autres propositions qui touchent la conscience de la société», a déclaré Ramid aux participants.
"Bonnes mœurs"
De telles suggestions constituent une atteinte au caractère musulman du royaume, a clamé le ministre. Concernant l’avortement, Assabah, en se basant sur une source proche du dossier, affirme que l’option retenue pour l’avortement est de l’autoriser dans des cas bien précis comme l’inceste, le viol et l’atteinte du fœtus par une maladie ou une déformation. Al Massae, de son côté, a repris les mêmes propos, en précisant que le projet de code pénal est dans les tiroirs depuis 2004. Fruit du travail d’une commission du ministère de la Justice, il a apporté plusieurs innovations notamment en matière de protection de la famille et de l’enfant, de respect d’autrui, de crimes contre l’humanité et d’incitation à la haine. Le projet prévoit aussi des mesures préventives de plusieurs crimes et délits à caractère sexuel.
Après avoir supprimé 40 articles, introduit 187 autres et amendé 576 dispositions, le projet de code objet du débat national cherche à se mettre en conformité avec la Constitution. Un travail herculéen qui sera d’autant plus méritant s’il élimine certaines dispositions liberticides héritées d’un autre temps que le nôtre. Une épée de Damoclès qui sort rarement de son fourreau, mais qui reste toujours suspendue au-dessus des têtes des citoyens.