La polémique enfle autour de la gestion et de l’utilisation des budgets alloués aux cinq arrondissements de la capitale, sur fond de critiques de plus en plus vives portées par des acteurs associatifs et des élus de l’opposition. Ces derniers dénoncent notamment des «déséquilibres» dans la hiérarchie des priorités, ainsi que des retards répétés dans la concrétisation de plusieurs projets de développement promis lors de sessions précédentes, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 31 juillet.
La polémique intervient à un moment jugé critique pour Rabat, une ville en pleine mutation et qui, selon de nombreux observateurs, nécessite une gestion plus rigoureuse de l’argent public, en lien direct avec des indicateurs concrets de développement local.
Des associations locales et des organes de contrôle citoyen pointent du doigt ce qu’ils considèrent comme un usage «déséquilibré et peu productif» des enveloppes budgétaires accordées aux arrondissements. Selon eux, ces fonds sont en grande partie consacrés à des dépenses de fonctionnement, au soutien associatif et à l’animation culturelle, au détriment de projets structurants pourtant jugés essentiels pour améliorer le quotidien des habitants: infrastructures de base, réhabilitation des espaces publics, ou encore amélioration des services sociaux.
Des sources citées par Al Akhbar relèvent par ailleurs que ces budgets sont souvent dépensés de manière «saisonnière». Une grande partie des crédits serait ainsi absorbée par l’organisation d’événements ponctuels ou d’activités à caractère festif, sans réel impact sur la dynamique urbaine ni sur la qualité de vie des riverains. «On constate un manque flagrant de transparence dans les marchés passés et un recyclage quasi systématique des mêmes associations et des mêmes acteurs bénéficiaires, comme si tout se jouait dans un cercle fermé», déplore une militante associative citée par le quotidien.
Un conseiller municipal de l’opposition à Rabat, qui a requis l’anonymat, relie quant à lui le manque d’efficacité de la dépense publique à «l’absence de compétences avérées au sein de certaines équipes locales». Il pointe notamment le faible niveau d’expertise technique et managériale de certains élus chargés de dossiers stratégiques. «Beaucoup s’appuient encore sur le clientélisme pour élaborer leurs propositions et exécuter leurs programmes, ce qui prive le processus de sa dimension véritablement développementale», ajoute-t-il.
Cette situation est d’autant plus critiquée que plusieurs projets inscrits au budget prévisionnel des années passées, notamment dans le cadre des plans de mise à niveau urbaine, accusent d’importants retards, voire une absence totale de mise en œuvre. Pour de nombreux analystes, cette lenteur s’expliquerait en partie par un manque de coordination entre les conseils élus, la wilaya et les ministères concernés.
Face à ces accusations, certains bureaux d’arrondissement se défendent en affirmant que la gestion budgétaire respecte strictement les procédures légales et reste placée sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. Ils avancent également que de nombreux blocages sont liés à des contraintes administratives échappant à la volonté des élus, telles que la complexité des procédures de validation et d’approbation, ou encore le retard pris par certains partenaires institutionnels dans l’exécution de leurs engagements.








