Nasser Bourita est un pur produit du ministère marocain des Affaires étrangères. Il y a gravi les échelons administratifs depuis son recrutement en 1992 comme premier secrétaire jusqu'à sa nomination en 2011 comme secrétaire général du MAE, poste qu'il occupait avant sa nomination ce samedi par Mohammed VI au poste de ministre délégué aux Affaires étrangères.
Nasser Bourita a la réputation d'être un spécialiste des dossiers liés à la sécurité et aux provinces sahariennes. Diplômé de la faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, Nasser Bourita a assumé successivement les fonctions de chef de cabinet du ministère des Affaires étrangères et d'ambassadeur, directeur général des relations multilatérales et de la coopération globale.
Ce père de deux enfants, né le 27 mai 1969 à Taounate, est «connu pour réciter par cœur toutes les résolutions de l'ONU concernant nos provinces du sud», dira de lui un de ses proches collaborateurs. Et pas seulement. L’homme est connu pour être un bosseur infatigable. «Il a une capacité surprenante à abattre du boulot, tout en ayant un sens du partage et l’esprit d’équipe», dit de lui un autre collaborateur.
Discret jusque-là et peu connu du grand public, Nasser Bourita n’en est moins un interlocuteur clef de tous les acteurs qui ont affaire à la diplomatie marocaine. Il est associé à la gestion de tous les dossiers importants de notre diplomatie. Ses missions ainsi que son rôle dépassaient de loin le titre de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.
«Sa nomination en tant que ministre délégué entérine de fait son rôle de diplomate doué», commente une autre source au MAE. La compétence et le mérite de M. Bourita sont les premières qualités que louent en lui toutes les personnes que nous avons interrogées. D’autres collaborateurs saluent «sa maîtrise de la technicité et son sens de la discipline».
Un contexte spécial
La nomination de Nasser Bourita intervient dans une année marquée par les élections législatives qui auront lieu le 7 octobre au Maroc. Il n’est pas inutile de rappeler que contrairement à Salahedine Mezzouar et Mbraka Bouaida, Nasser Bourita ne porte pas de couleur politique.
Alors que les premiers peuvent avoir à quitter leur poste dans le cas où leur parti ne ferait plus partie d’une coalition gouvernementale, Bourita assure quant à lui la continuité institutionnelle, indépendamment des résultats des urnes. Et c’est important dans un contexte où le Maroc a rarement été aussi présent à l’échelle internationale.
En effet, la diplomatie marocaine suit une ligne ascendante grâce à l’implication du roi Mohammed VI et à ses déplacements dans plusieurs pays, dont les Etats du Golfe. Ces déplacements du souverain ont donné une forte impulsion au Maroc et l’ont rendu davantage influent sur le plan régional. Pour s’en convaincre il suffit de citer les accords, parrainés par l’ONU, signés à Skhirat le 17 décembre qui ont mis un terme à la crise libyenne en jetant les bases d’un gouvernement d’union nationale. Ou encore, le grand rendez-vous planétaire de la Cop 22 qui aura lieu cette année à Marrakech.
Cette influence diplomatique du Maroc ne plaît à tout le monde. Particulièrement à l’Algérie qui mobilise des ressources considérables, alors même qu’une crise intérieure sans précédent menace de conduire vers l’inconnu le voisin de l’est.
D’où la nécessité d’un appareil diplomatique fort et anticipatif. D’ailleurs, les nouvelles nominations par le chef de l’Etat des ambassadeurs corroborent la dynamique de la diplomatie marocaine. Une dynamique à laquelle est appelée à participer activement aujourd’hui Nasser Bourita qui apporte une touche de technicité et de connaissance de l’intérieur des dossiers qui sera sans doute bénéfique au duo Mezzouar/ Bouaida.