Le Haut commissaire au plan est catégorique. Le taux de croissance de cette année sera, et de loin, le plus bas de tout le mandat de l’actuel gouvernement. Il ne dépassera guère la barre de 1,7%, en rythme annuel, au titre du premier trimestre de cette année, contre 5,2% pendant la même période de l’année dernière. Pire encore, le taux de croissance va en se dégradant à mesure qu’avance l’année. Il sera ainsi de 1,5% au second trimestre à cause, notamment, de la contraction de l’activité agricole qui accuse une baisse de 10,9%. Le faible taux de croissance est également dû au ralentissement des activités non-agricoles qui progressent d’à peine 2,5%, en variation annuelle.
Ce sont des chiffres que le HCP vient de publier dans son «point de conjoncture» pour ce mois d’avril. Des chiffres qui rejoignent, globalement, les prévisions de Bank Al-Maghrib. Jusque-là, rien d’anormal. Ce sont des statistiques officielles qui rendent compte, de manière neutre et fidèle, de l’état de l’activité économique du pays. Sauf que le PJD ne le voit de cet oeil.
Ainsi, affirme le quotidien Assabah dans son édition du vendredi 8 avril, le Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi, est de nouveau dans le collimateur des dirigeants, des ministres et de ce qui est communément appelé «les brigades électroniques» du PJD. Ces militants, très actifs sur les réseaux sociaux, accusent le responsable du HCP de vouloir donner une image sombre de l’économie nationale. Ce que ce parti considère comme une falsification de la réalité et un acharnement contre le gouvernement dont le commissaire au plan tente de minorer les efforts.
Le wali de Bank Al-Maghrib a également été pris à partie par le PJD, pour les mêmes raisons. Les chiffres que son institution vient de publier ont tout simplement été qualifiés de contraires à la réalité de la situation économique. Il a ainsi été accusé des mêmes torts. Le comble, affirme Assabah, c’est que ni le Chef de gouvernement, ni ses ministres, ni les cadres du PJD n’ont pris attache avec le concerné pour demander des explications et s’enquérir des données sur lesquelles il s’est basé et des méthodes qu’il a utilisées pour faire ses calculs. Au contraire, c’est le wali de Bank Al-Maghrib qui a pris l’initiative de fournir ces explications, lors de sa participation à la dernière réunion du Conseil national de l’entreprise. Il a ainsi confirmé, entre autres, que le secteur industriel était en constante régression depuis 2012, date de la prise en fonction du gouvernement Benkirane.
En agissant de la sorte, souligne le journal, le PJD ne fait que décrédibiliser deux institutions nationales indépendantes qui ont pourtant réussi à gagner, au fil des années, la confiance des institutions internationales. Ces dernières se basent, en effet, sur leur études et données du HCP et de Bank Al-Maghrib pour la confection de leurs rapports. Mais de tout cela, le PJD n’en a cure, du moment que cela ne sert pas ses intérêts politiques du moment.