La langue arabe serait menacée, à en croire la proposition de loi soumise par le groupe parlementaire du PJD à la commission parlementaire de la l’éducation, de la culture et de la communication présidée par Kajmoula bent Abbi. Ladite proposition, comme son intitulé l’indique, vise à promouvoir et à protéger la langue arabe. Se déclinant en 42 articles, elle stipule que la langue de "Sibaouayh" est un patrimoine culturel universel et un héritage commun à tous les Marocains. Elle est aussi la langue officielle de l’Etat, de l’enseignement, de l’administration et des institutions publiques. Partant de ce constat, l’Etat est donc garant de sa protection et de sa promotion. Une mission qui devrait être accompagnée d’un certains nombre de mesures qui ne sont pas forcément au goût de tous.
Les immortels du
Outre la création d’une académie pour la langue arabe qui sera chargée de veiller sur son bon usage et son uniformisation, la proposition de loi stipule la mise en place d’instituts spécialisés pour la promotion de cette langue. Mais ce n’est pas tout. Le texte appelle à ce que l’enseignement de l’arabe devienne obligatoire pour tous les enfants marocains. Toutes les matières scientifiques doivent être enseignées en arabe, qui devrait aussi être la langue des examens, des concours, des thèses universitaires, que ce soit pour l’enseignement public ou privé. Sont exclues de cette obligation les écoles où une autre langue officielle est enseignée et les établissements qui relèvent des missions étrangères. Ces derniers établissements ne sont pas exempts, pour autant, de l’enseignement de l’arabe et doivent prévoir des cours pour cette langue.
L'arabe dans les médias
La proposition des frères de Abdelilah Benkirane stipule également que les médias audiovisuels doivent consacrer une bonne part de leur temps d’antenne à la langue arabe. Plus que cela, ils sont appelés à respecter les règles du bon usage. Les messages publicitaires, qu’ils soient écrits, audio ou vidéo, seront diffusés obligatoirement en arabe. Même chose pour les annonces, les affiches et les notices d’information destinées au grand public. Aux termes de la même proposition de loi, chaque Marocain a le droit de parler arabe lors d'une conférence, d'un congrès et de toute autre activité organisée au Maroc. Bien évidemment, il a le droit d’exiger des documents rédigés en arabe en marge de ces activités.
Le texte stipule aussi que les contrats, les factures et même les bons de commandes doivent être rédigés en arabe tant qu’ils n’impliquent pas une partie étrangère.En cas de non respect des dispositions de cette loi, de lourdes sanctions attendent les contrevenants. Elles vont de 2000 DH à 50.000 DH. D’ailleurs, ce sont en partie ces sanctions qui suscitent l’ire des détracteurs de cette proposition de loi, détracteurs arguant que le choix du timing de la soumission de ce texte n’est pas innocent vu qu’elle intervient suite au débat sur la Darija initié par Noureddine Ayouch, mais aussi en réaction aux appels des activistes amazighs pour accélérer la consécration de leur langue. Et pour que cela parte du mauvais pied, le ministre de l’Education nationale a refusé de prendre part à la séance de présentation de cette proposition de loi. C’est son collègue à la Culture qui s’en est chargé, juste pour mettre les choses au point en rappelant que le gouvernement travaillait avec une approche plus globale et préparait, entre autres, la loi organique sur le Conseil national des langues et des cultures.