PJD: le parti dévasté par une guerre intestine

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Revue de presseKiosque360. Au moment où rien ne va plus entre Benkirane et Yatim, Ramid menace de démissionner. Une véritable guerre entre les proches de Benkirane et le «courant des ministres» déchire le PJD, à moins de trois mois du prochain congrès du parti.

Le 16/08/2017 à 19h57

En attendant son congrès, prévu en décembre, le PJD bouillonne. Ainsi, Mohamed Yatim a dernièrement tenu, lors d'une rencontre de la jeunesse du parti islamiste tenue à Fès, des propos peu amènes sur la présence de «gauchistes» proches du PJD. Abdelilah Benkirane lui a rendu la politesse en recevant, chez lui, ces mêmes «gauchistes» en présence de nombreux militants du parti, en prenant soin de ne pas convier Yatim. Pendant ce temps, Mustapha Ramid évoque une hypothétique démission du gouvernement à la prochaine rentrée. Une semaine mouvementée, donc, et largement commentée par la presse nationale.

D'après Al Ahdath Al Maghribia, dans son édition du jeudi 17 août, certaines personnalités considérées de gauche et rejetées par leur partis, notamment Hassan Tariq, Abdessamad Belkébir et Latifa Bouhssini, chercheraient à se créer une popularité en se rapprochant du PJD. Ils ont d'ailleurs assisté à une manifestation de la jeunesse du parti. Mohamed Yatim, le ministre de l'Emploi, n’apprécie guère ce stratagème et a profité de l’occasion pour le leur faire savoir. Il les accuse notamment, indique pour sa part Al Massae dans son édition du même jour, de «chercher auprès du PJD ce qu’ils ont échoué à obtenir au sein de leurs partis», soit, en d’autres termes, la popularité et la crédibilité.

Or, poursuit Al Ahdath Al Maghribia, Benkirane, encore secrétaire général du parti, n’a, pour sa part, aucunement apprécié les déclarations de celui qui était considéré, jusque-là, comme son bras droit et son porte-voix. D'ailleurs, Mohamed Yatim, dirigeant et membre fondateur du parti, commence à recevoir des coups de partout, y compris de la part des députés et des membres de la direction du parti. 

Par ailleurs, lors de cette rencontre, qui a eu lieu mardi et à laquelle a également assisté Adil Benhamza, ancien député et porte-parole de l’Istiqlal, Benkirane a mis l’accent sur «la nécessité de l’ouverture de la jeunesse sur d’autres courants de pensée et d’autres écoles politiques en dehors de la mouvance islamiste», relève le quotidien Al Massae. «Ceci, explique Benkirane, est notamment important pour renforcer les valeurs de la différence et mettre un terme aux idées reçues et aux préjugés qui ont mené les acteurs de la scène politique à des confrontations sans fin», rapporte le même quotidien.

Le journal Assabah, qui s’est également intéressé à ce sujet dans son édition du jeudi 17 août, estime que Mohamed Yatim a reçu un véritable camouflet de son ami, Abdelilah Benkirane. Les deux dirigeants étaient en effet très proches, surtout lors des négociations pour la formation du gouvernement El Othmani.

Le quotidien Al Akhbar, dans son édition du jour, estime que cette réaction de Benkirane n'est pas étonnante, au vu de la guerre qu'il mène contre le «clan des ministres» au sein du parti et, surtout, de sa campagne pour un troisième mandat à la tête du parti. C’est, de même, dans le cadre de ces luttes internes que s'inscrit l'annonce de la démission du ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme, Mustapha Ramid.

Selon Al Akhbar, cette annonce de démission intervient en réponse à la campagne de dénigrement que subit actuellement «le clan des ministres», et Ramid en fait partie. La campagne conduite par les proches de Benkirane se déroule surtout sur les réseaux sociaux, dans des groupes de discussion fermés, et sur les applications de messagerie instantanée. Selon le journal, certains dirigeants se sont également joints à cette campagne.

Par ailleurs, affirme le journal qui cite des sources du parti, Ramid aurait pris cette décision après l’accueil froid, pour ne pas dire désagréable, qui lui a été réservé lors de son déplacement à Fès pour participer à la dernière rencontre nationale de la jeunesse du parti. Il en a ensuite fait part au chef du gouvernement, mais refuse toujours de confirmer ou d’infirmer cette décision.

En définitive, assure le journal, toute cette campagne qui vise les ministres fait partie d’un projet fomenté par le secrétaire général. Il s’agit d’évincer complètement ces ministres, actuellement membres du secrétariat général. Pour cela, Benkirane et ses proches plancheraient actuellement sur un amendement de l’article 37 des statuts du parti.

Par Amyne Asmlal
Le 16/08/2017 à 19h57