Ce qui n’était au début qu’un enregistrement audio est devenu une affaire en justice. A peine sorti d’une longue période de troubles internes, après la fameuse entente, encore fragile, qui a libéré la voie pour son congrès national, l’Istiqlal est au cœur d’un nouveau scandale, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 18 mars. Il s’agit d’un enregistrement audio attribué au chef du groupe parlementaire du parti, Noureddine Mediane, dans lequel il est question d’accusations de tout genre contre un membre du parti, soit l’ancienne députée et actuelle élue au Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Rafia El Mansouri.
L’audio, dont on ignore la date et les circonstances de l’enregistrement et qui a fait le tour des réseaux sociaux, a plongé le parti dans une situation d’embarras et de tensions internes, au point que certains anciens dirigeants ont rompu leur silence et se sont rangés du côté de l’ex-députée, aujourd’hui vice-présidente de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
L’affaire a été portée devant la justice, précise le quotidien, qui affirme que Rafia El Mansouri a effectivement déposé une plainte dans laquelle elle accuse le chef du groupe parlementaire de «diffamation, propos injurieux, menaces et chantage». La plainte déposée par l’avocat de la plaignante comporte d’autres accusations comme: «atteinte à la vie privée des personnes, abus de pouvoir, menace de diffusion de contenu compromettant». Le mari de la victime a décidé, lui aussi, de déposer une autre plainte.
D’après le quotidien, l’enregistrement en question comporte des propos attribués à Noureddine Mediane, selon lesquels ce dernier aurait affirmé avoir sauvé la plaignante de vagabondage et de vie de rue et qu’il aurait eu avec elle des relations sexuelles, ce dont, d’après lui, «tout le monde est au courant».
A ce stade, souligne le quotidien, seule l’expertise judiciaire peut affirmer clairement si l’enregistrement vocal est l’œuvre du député, chef du groupe parlementaire, ou pas. D’ici là, on ne peut rien avancer. Toutefois, il faut signaler que Noureddine Modiane n’a pas assisté à une rencontre partisane organisée par l’ancienne députée Rafia El Mansouri.
Toujours est-il que le chef du groupe parlementaire a démenti à mainte reprises être l’auteur de cet enregistrement. Il affirme ne jamais avoir tenu de tels propos et qu’il pourrait s’agir de contenu généré par l’intelligence artificielle.
Quoi qu’il en soit, souligne le quotidien Al Akhbar dans son édition du même jour, le procureur du roi près le tribunal de première instance de Tanger a effectivement reçu la plainte déposée par Rafia El Mansouri. Il a ordonné l’ouverture d’une enquête qu’il a confiée aux services de la police judiciaire chargés des crimes électroniques.
Citant des sources du ministère public, le quotidien affirme qu’El Mansouri et son mari ont été entendus par le procureur du roi. D’après le quotidien, Noureddine Mediane sera convoqué par la police judiciaire prochainement, après avoir entendu tous les témoins dont les noms ont été évoqués par la plaignante.
En attendant, le quotidien affirme qu’entre autres personnalités de l’Istiqlal qui ont réagi à cette affaire, l’ancienne ministre, Yasmina Badou a critiqué le silence de la direction du parti et appelé au gel des activités et de l’appartenance de Noureddine Mediane à l’Istiqlal.