L’ex-dirigeant du parti Annahj Addimocrati (voie démocratique), Abdelmajid Radi a adressé, le 25 octobre 2024, une lettre au bureau politique dans laquelle il dénonce les graves dérives morales et politiques qui minent les structures du parti. Il met à nu des «pratiques qui vont à l’encontre des discours pompeux de la direction du parti sur la démocratie, la défense du prolétariat et la situation de la femme», rapporte Al Ahdath Al Maghribia du vendredi 22 novembre.
Dans sa lettre, ce dirigeant, qui a été écarté des structures de cette formation, souligne que contrairement à tous les slogans ressassés par les dirigeants du parti, plusieurs militantes ont été victimes de harcèlement sexuel, d’humiliation et d’atteinte à la dignité. Il évoque notamment l’étouffement par le rédacteur en chef du journal du parti, Titi El Habib, d’une affaire de harcèlement sexuel qui aurait été commise en Tunisie par un membre de la section d’Agadir sur une militante du parti.
Il a fallu, ajoute la même source, que ce scandale soit dénoncé par la presse pour que la direction du parti contraigne le mis en cause à présenter des excuses. La lettre de Radi révèle que les dirigeants du parti ont eu la même réaction face à la plainte d’une militante de l’Association marocaine des droits de l’homme (section de l’Oriental) qui aurait été victime, elle aussi, de harcèlement sexuel de la part d’un membre du bureau politique.
Les dirigeants d’Annahj Addimocrati, poursuit le même intervenant, se sont aussi rendus coupables d’émission de chèques sans provision. L’ancien secrétaire général du parti, Abdallah El Harif, a été interpellé à Tanger en 2022 pour ce motif avant d’être relâché, précise Radi. Un autre membre du bureau politique connu dans l’organisation de la jeunesse du parti a été, lui aussi, impliqué dans l’émission de plusieurs chèques sans provision, ce qui n’a pas empêché la direction du parti de lui confier des missions organisationnelles dans les régions et les sections du parti.
À cela, il faut ajouter les accusations que l’on impute à ceux dont les opinions divergent avec celles du «Premier camarade», martèle l’auteur de cette lettre. Pis encore, poursuit-il, ces dénigrements ont touché des alliés du parti comme la Confédération démocratique du travail (CDT), accusée de sionisme ainsi que la Fédération de gauche qualifiée de «caserne de police».
L’ancien secrétaire national du parti, Mustapha Brahma, n’a pas non plus échappé à ces attaques, comme un autre dirigeant qui a critiqué le patron du parti islamiste radical, Al Adl Wal Ilhsane, considéré comme un allié stratégique malgré l’extrême antagonisme de leurs idéologies respectives, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Les scandales dénoncés par Abdelmajid Radi montrent clairement la déchéance morale et l’effondrement total d’un parti qui se présente comme une alternative et qui puise son nom dans une démocratie qu’il n’a jamais cessé de violer.