Le PAM, deuxième force politique au Maroc, est toujours en crise. Une crise qui s’aggrave de jour en jour. Au point que l’un de ses dirigeants, Abdellatif Ouahbi, vient d’appeler à la dissolution pure et simple du bureau politique et du bureau fédéral, deux organes exécutifs du parti, plongeant ainsi la formation d’une grave crise organisationnelle, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du lundi 24 décembre.
Cela s’est passé à Agadir, à l’occasion d’une rencontre de médiation, vendredi dernier, entre la direction du parti et les cadres locaux en froid avec l’organisation centrale. Le député de Taroudant, Abdellatif Ouahbi, qui fait partie d’une commission de réconciliation mise en place récemment, a profité de l’occasion pour lancer son appel à la dissolution des deux organes exécutifs. Il a, par la même occasion, suggéré la nomination d’un comité restreint chargé de gérer les affaires du parti en attendant l’organisation d’un congrès extraordinaire.
Bien sûr, note le journal, on ne peut pas dire que l’initiative ait été bien accueillie, aussi bien par la direction que par les militants. Ces derniers s’étonnent d’ailleurs qu’un tel appel ait émané d’un membre du «comité des sages», nommé justement pour réconcilier la direction du parti avec ses détracteurs.
«Alors que l’on attendait de ce dirigeant qu'il rapproche les points de vue des uns et des autres, voilà qu’il creuse le fossé de la discorde», commente le journal. Cela d’autant que, estiment des membres du PAM cités par Al Ahdath Al Maghribia, cet appel est ni plus ni moins une atteinte à la légitimité des instances internes démocratiquement élues. Le secrétaire général ayant en effet été élu à l’écrasante majorité des voix en mai dernier, rappelle le journal.
Pour Abdellatif Ouahbi, également cité par le journal, les deux instances visées, le bureau politique et le bureau fédéral, dont l’élection a fait l’objet de plusieurs recours non encore apurés, n’exercent dans les faits pas de prérogatives. Les compétences des deux instances étant en réalité exercées par le secrétaire général.
Bref, souligne le journal, pour ne pas arranger les choses, voici qu’un membre du secrétariat du conseil national, Abdelmouttalib Amiar, a adressé de son côté une lettre ouverte à la présidente de l’instance décisionnelle du parti, l’invitant à réunir cette instance et à mettre ainsi fin au blocage organisationnel.
«Il est inconcevable de suspendre les travaux du parlement du parti et de maintenir le gel de toutes ses attributions alors que le pays traverse une étape politique cruciale qui exige la mobilisation de toutes les formations politiques et syndicales», a notamment écrit ce dirigeant, soulignant «l’étendue dangereuse du vide que connaît actuellement la scène politique nationale».
Pour illustrer l’ampleur de la crise que connaît le parti, le journal a également rappelé le différend qui existe entre les dirigeants du parti dans plusieurs régions, dont notamment celle d’Agadir et de Marrakech, et la direction centrale du parti. Mais après avoir contacté le secrétaire général, ce dernier, tout en reprochant à demi mot aux cadres et dirigeants du parti d’étendre le linge sale du PAM en public, a néanmoins choisi de tempérer ses positions. Il a tout simplement souligné que «ceux qui expriment leurs positions et leur mécontentement sur les réseaux sociaux et dans la presse auraient pu profiter des canaux internes, mis en place par le parti à cet effet, pour s’exprimer librement et défendre leurs positions et leurs opinions».